dimanche 21 septembre 2003

Cry me a liver

A Grossbouate, y'a pas que mon cerveau qui travaille plus qu'avant. Y'a mon foie aussi. Je ne dirais pas que c'est une entreprise d'alcoolos, mais quand même, on y a la main lourde sur la bouteille. Surtout au troisième étage, où on honore notre réputation. Anniversaire, médailles du travail, départ en retraites et tout événement heureux (plus rare) en rapport avec notre activité est systématiquement arrosé. Si j'y ajoute mes déplacements professionnels et leurs inévitables dej au resto avec bibine du cru et les cocktails et inaugurations, j'ai bien du mal à tenir mes objectifs. Pourtant, ils n'étaient pas d'une haute ambition : pas boire d'alcool tous les jours. Le week-end, ok. Mais pas tous les jours de la semaine.

Mais depuis 3 semaines, c'est un carnage. J'inaugure, je fête, je me félicite, au rouge (soirée espagnole devant OM-Real), au blanc (" parce qu'à Nantes, c'est Muscadet "). Et même à l'abominable rosé de M. Le Ouf, qui ferait, je pense, un excellent dissolvant à vernis à ongles (le rosé, pas le Ouf). Pas merci pour la mauvaise nuit en sueur et le gros mal au cœur du vendredi midi, quand il faut enchaîner sur la médaille du travail d'une gentille collègue qui se fait une joie de vous sortir les petits fours et le rouge. Et pis je me laisse lâchement entraîner par les anciens de LeCravaildeplusenplusjouli, totalement déjantés et avinés.

Aujourd'hui, c'est dimanche, c'est vacance pour mon foie.

Il y a une vie après TF1…

Vous le savez sans doute, il y a quelques temps, le PaCa (le gars lave son portable en machine à 40 sans appeler la dame de Skip avant et qui se décolore le duvet de l'œsophage) et moi-même, avons assisté à l'inoubliable cérémonie de l'élection de Miss Europe 2003.
Inoubliable, pas grâce à Hélène Ségara, son mètres 12, sa robe " a sort of Gitane " comme dirait mon PaCa et sa chanson à la mauvaise eau de rose, aussi banale qu'interminable. Pas non plus grâce à Ricky Martin, pathétique à s'agiter tout seul, dans sa tenue année 80, qui doit sûrement être du dernier chic à San Juan, capitale de Porto Rico. Pas grâce à Eros Ramazzoti, qui bien qu'artistiquement au-dessus du lot (faut voir le lot) commence à faire pizzaiolo sur le retour. Bon y'avait tout de même mon idole de l'été : le Greg, le vrai, pas millionnaire, certes mais qui passe à la télé, donc les gens le regarde passer avec sa Marika en disant " c'est Greg le millionnaire ". Ca doit être rageant, car il le sera jamais. Et bien il est pas beau mon Greg : teint de bidet et toujours ses yeux de mérous pris dans un chalut. Mais Marika non plus, c'est pas ça de près. Sale mine et surtout pas fraîche et pas de charme. Pas 24 ans, c'est sûr, elle fait objectivement plus vieille que moi. Cette nouille, en revenant des toilettes, a retrouvé un bout de sa robe sur sa chaise, robe qu'on a du lui prêter pour l'occasion. L'avait pas l'air cruche avec son bout de robe à la main à se demander ce qu'elle allait en faire, dans l'indifférence générale, puisque tout le monde se foutait de leur présence. Qu'est ce qu'ils foutaient là ? Pas la moindre idée.

Inoubliable grâce à ses non-stars : le public de TF1, le vrai, celui venu tout exprès de Pontault-Combault, à 5 dans la Citroen Saxo, pour poireauter pendant 2 plombes devant la grille, parce que c'est M. Endemol qui l'a décidé. Pourquoi sont-ils là : pour voir des stars. Les " chanteurs " précédemment cités, mais aussi les vedettes que moi je connais à peine, pourtant adulées par les masses en liesse. Je pense à Corinne Touzet, comédienne de seconde zone, que je n'ai jamais vu sévir plus longtemps que le temps d'appuyer mon doigt sur la touche d'à côté sur ma zapette. Elle est moche et a à peine plus de conversation qu'Elodie Gossuin, ex Miss Picardie qui a réussi (qui elle mesure 2mètres au garrot, pas la mettre à côté de Ségara). " Elles sont toutes très belles, c'est très difficile " nous ayant été répété 682 fois durant la soirée.

Passer 2 heures au milieu de ce concentré de banlieusards fans de TF1, pour nous, les 2 petits-bourgeois parigots, fut une véritable expérience sociologique. Un monde dont je soupçonnais l'existence sans l'avoir rencontré. Mes voisines de derrière n'ont fait que parler des Star académiciens de leur cœur : " et Nolwen, elle a quand même de la chance pour sa carrière que Jennifer elle soit enceinte, et je t'ai pas dit je vais écrire à Jean-Pascal pour lui dire que mon fils il est fan de lui, et t'as vu il a sorti sont deuxième album "… Le tout avec un sentiment de familiarité avec leurs vedettes préférées. Les gens qui viennent chez eux tous les samedi, même par l'intermédiaire de la télé, sont leurs amis. Le pire : pour changer de la télé, les fans de TF1 vont au resto, oui, mais au resto de Mouss Diouf ( ! ! ! !), parce qu'ils ont " entendu à Combien ça coûte qu'il a un resto , alors ils ont essayé et c'est très bien, ils vont y retourner ". J'ai cru pleurer. Bon petit consommateur, n'as-tu jamais un peu de recul, d'esprit critique, de curiosité ? Essaieras-tu une jour d'appuyer sur le bouton 2 ou même 3 de ta télécommande ? Car il y a une vie après TF1.

Heureusement la soirée s'est parfaitement déroulée : mon PaCa a réussi à rentrer malgré un gros handicap vestimentaire (ils prennent les décérébrés mais pas les mecs sans veste), les Miss étaient mignonnes (mais il y a toujours une vieille pour déplorer qu'à " Miss France elles sont plus belles et mieux habillées ", concours où je le rappelle nous élisons Miss Gros Nez à l'issue d'une lutte acharnée), et j'ai trouvé fastoche la plus grande partie du quintette victorieux. C'était pas dur : virer les grandes blondasse nordiques sans charmes, et garder les Elena, Marina, Maroussia, Oxanna… de l'Est.

Une expérience donc, mais qui a un prix. Depuis, je suis sur les fichier d'Endemol, qui m'invitent à venir voir leurs " meilleures " émissions, Dechavanne, Arthur… S'i