vendredi 27 janvier 2006

Un 2 000ième d’Euromillions

Ce soir, sauf contre ordre qui me mettrait très très colère, je vais chez un notaire signer des papiers et récupérer un chèque de 60 000 euros. Le bout d’appart que me devait mon ex depuis des lustres. J’en rétrocèderai quelques uns que je dois, mais sinon, me voilà avec des sous. Que je ne vais pas dépenser en fringues (non). En même temps, je ne vais pas m’acheter un appart à Paris avec ça. Et je ne vais pas les placer en bourse non plus, on oublie. Par contre, je vais sûrement me faire de nouveaux amis banquiers, tout comme, en ce moment, l’annonce de mon départ et de mon poste vacant me donne plein de nouveaux amis chacals à l’affût de l’opportunité.

Jeunes gens, ne vous précipitez pas non plus tous à me demander mon numéro de téléphone. A part chez Maje et à la Grande Epicerie, je les lâche pas comme ça.

mardi 24 janvier 2006

De l’humanité

Ce matin, je lis, abasourdie, qu’Alain Marécaux, l’ancien huissier acquitté en appel dans l’affaire d’Outreau, a fait une nouvelle tentative de suicide. Acquitté oui, mais cet homme a tout perdu, son étude, son couple, ses enfants et certainement sa foi en l’humanité. Dimanche matin, j’ai regardé sur La Chaîne Parlementaire une grande partie de l’audition des acquittés devant la commission d'enquête. Alain Marécaux racontait le décès de sa mère qui a cessé de s’alimenter le jour de l’arrestation de son fils et sa belle-fille, puis s’est laissée mourir. Il ne s’en est jamais remis, du décès lui-même et des circonstances dans lesquelles il a du y faire face sans la moindre humanité de la part du système judiciaire. Pendant ce temps, le juge refuse toute forme d’excuses puisqu'il n'a fait que ce qu'on lui demandait, après tout... Il a été bien noté, récompensé pour son efficacité.

Il fallait des coupables, ils étaient désignés, pourquoi s'interroger ? Les médias réclamaient des têtes tout de suite, on leur en a données. Les braves gens imaginaient des scénarios plus terribles encore que les faits avérés, des réseaux internationaux de pédophilie, on leur a inventés. La société dans son ensemble voulait faire un exemple, comme ils tombaient bien ces gens ordinaires transformés en bourreaux. Pour réécrire l'histoire, c'était alors pratique de disposer d'une femme monstrueuse et de son enfant victime, tous deux fragiles mentalement. Il a suffit de leur suggérer la trame de ce conte cauchemardesque. L'administration judiciaire, à travers la nouvelle procédure pénale, voulait accorder plus de respect aux victimes et surtout aux enfants dont la parole devait être valorisée et protégée, on est allé au delà la prenant pour évangile et en piétinant le bon droit des personnes innocentes jusqu'à nouvel ordre. C'est ce que tout le monde voulait, on l'a créé. Le juge a fait ce travail que tout le monde réclamait, sans discernement. Les dommages collatéraux importaient peu. L’humanité envers les présumés coupables ne comptait pas.

Comme elle ne comptait pas en 1984 à Epinal. L’humanité n’y était d’ailleurs pas du tout. Dimanche soir, j’étais comme tous les dimanches soirs, terrée de frayeur sous ma couette devant « Faites entrer l’accusé ». Un spécial « Affaire Grégory » qui détaillait autant l’affaire elle-même que son traitement médiatique, aujourd’hui invraisemblable. Entre la diffusion des photos du cadavre du petit, les visites des journalistes aux familles avant même les gendarmes, le pouvoir insensé des médias et la totale irresponsabilité du juge d’instruction, cette affaire était déjà, en son temps, un échec total qui aurait du faire vaciller d’édifice.

Il n’y a pas de victime d’erreur judiciaire au bord de la Vologne, juste des victimes, le gosse, le cousin Bernard Laroche qui y a laissé la vie et une famille totalement dévastée, tout particulièrement cette mère haïe par la France entière pour un soupçon d’infanticide sans aucune trace de preuve.

Les similitudes sont nombreuses entre les deux affaires et attestent de l'absence d’amélioration majeure dans le système durant ces 20 années : les petits juges sans expérience prennent toujours des grands airs et développent des relations malsaines avec les médias, la présomption d’innocence laisse toujours place à ces certitudes basées sur la rumeur, la procédure est toujours maltraitée, bien qu’elle ait évolué, et les personnes sont toujours aussi inhumainement traitées. Ce qui a changé, c’est qu’on ne tolèrerait plus certaines images et certains propos dans Paris Match, car la pudeur, ou la pruderie ont gagné du terrain.

Dans un autre registre, une autre administration a brillé ses derniers temps par son inhumanité en sanctionnant l’un des siens de manière totalement disproportionnée. Je ne m’étendrai pas sur les écrits du blogueur-proviseur que j’ai seulement parcourus, mais je me demande ce qu’il en aurait été s’il s’était vanté de nombreuses conquêtes féminines. Ou s’il s’était répandu sur ses kama-sutras du samedi soir avec Josette. Oui, mais homosexualité est encore synonyme de pornographie pour quelques zélés chefs de service de notre pays. On les imagine se disant « on ne va quand même pas confier nos enfants à ces pervers »... Cette même administration qui refuse son soutien à une enseignante poignardée comme un polochon, cette même administration qui, dans un passé proche, a pris son temps quand il s’agissait de mettre fin aux viols et attouchements d’instituteurs bien notés, les Marcel Lechien et autres.

On croit rêver, mais d'un lourd cauchemar.

Je déteste pointer du doigt cette « administration », d’abord parce le terme en lui-même masque la réalité du travail d’êtres de chair et de sang et parce que c’est le sport favori des vieux réacs. C’est aussi juger sans différenciation les personnes de terrain et les intouchables censeurs qui, cloîtrés dans leur hiérarchie, perdent le contact de la réalité, de l’humanité. Je pense simplement qu’il est temps que l’administration soit capable de soutenir ceux des siens qui servent l’Etat, et donc le peuple, du mieux qu’ils peuvent en appliquant des règles humaines qui ne sont pas toujours celles voulues par la machine. Parce que ceux qui appliquent les procédures et reçoivent les bonnes notes peuvent passer à côté de l’humanité la plus élémentaire et commettre des dégâts irréparables.

lundi 23 janvier 2006

Révélation people

Hier, j’ai vu Gilbert Montagné en bagnole à Alma-Marceau. Et ben c’est pas lui qui conduit…

Curriculotte Vitae

Dans mes projets de changement professionnel en route depuis quelques semaines, j’ai eu l’occasion de constater à quel point l’imagination peut être fertile, surtout en réunion, et combien une jeune femme peut l’apprendre à ses dépens.

Voilà quelques mois, j’ai eu une relation avec un correspondant régional du groupe que je rejoins. Certains ont des raisons de le penser, mais très rares sont ceux qui en ont vu les effusions. C’est vrai que la morale réprouve l’adultère surtout avec un bon père de famille, cette morale qui se fout de savoir si son couple le rend heureux, s’il ne fait pas un sacrifice personnel pour rester en façade ce bon père de famille. Pourtant, c’était une belle histoire d’amour, un coup de foudre dans toute sa splendeur, le truc qui vous tombe sur la gueule sans crier gare et qui ravage votre vie un beau soir d’hiver. Les seuls moments de bonheur réel que j’ai connus ces trois dernières années.

Mais voilà, dans le monde professionnel, la rumeur ne fait pas dans le romantisme. Elle interprète, elle travestit, elle dégrade forcément les belles choses. Donc, dans le doute et la suspicion, je suis obligatoirement une chaudasse, une intrigante, voire un genre de Mata-Hari envoyée par ma diabolique entreprise pour espionner la concurrence, tourner la tête des jeunes cadres intègres et leur faire signer un pacte avec le diable en personne. Bref, je suis une fille dangereuse et faute de savoir vraiment ce que je fais de ma vie - ce qui de toute façon ne les regarde pas - les braves gens inventent ce qui se passe dans ma culotte. Et se demande pourquoi on m’embauche si je suis bien celle qu’ils croient.

Et voilà à présent que mon entreprise actuelle cherche les raisons de mon départ. C’est que je vais rejoindre mon amant. Oui, moi quand je dis « ami » eux entendent « amant ». Logique, ce n’est tout de même pas pour mes compétences, pour mon expérience professionnelle de près de 10 années et pour la confiance que l’on peut me porter que l’on embauche. C’est forcément que je suce. Et puis, pour quoi d’autres quitterais-je cette sublime société, sinon par attrait pour le vice et la luxure ?

En conclusion, dans un environnement professionnel majoritairement masculin, dans mon entreprise comme en dehors, je suis une jeune femme célibataire de 32 ans pas trop moche, donc, de toute évidence, une chaude du cul un peu facile, qui couche pour son avancement et qui notoirement débauche les forces vives.

Moi qui n’ai pas de vie sexuelle depuis des mois. Moi qui disait encore récemment à cette personne « A notre âge, même l’abbé Pierre baisait plus que nous ».

Je crois qu’il y a encore des progrès à faire pour éliminer les préjugés purement misogynes dans les entreprises. Parce que si j’avais été un mec, on aurait regardé mon C.V. et on aurait simplement commenté mon évolution de carrière. Ou si j'avais été une fille obèse une boutonneuse. Mais là, m'aurait-on embauchée ?