jeudi 10 novembre 2005

Chroniques de la vie de bureau : épisode 1

Mobilisée sur ton travail, tu n’as pas pris le temps d’aller faire ton pipi. Mais ta vessie se rappelle à toi et , dans l’urgence, tu prends la direction des toilettes. Juste devant la porte, tu tombes sur Jean-Christophe Gropois qui en sort. Ca tombe bien, il avait besoin de te parler d’un truc, parce qu’il a un problème avec la base de données, tout ça, et il faut que tu lui expliques, tout ça… Maintenant. Devant les chiottes. Il insiste. « Oui mais toi, dans ton projet, tu as prévu une évolution des process ? » En réponse, tu résumes, tu éludes un peu, car tu n’as qu’une idée : t’en sortir vite pour pisser. Parce que Jean-Cri-Cri, lui, il en sort des toilettes, il l’a faite sa petite commission. Et il n’a pas l’air de comprendre que ta priorité sur l’instant est de vider ta vessie, la base de donnée peut sans doute attendre 5 minutes. Non ?
Et après on dira que je ne suis pas aimable avec mes collègues...

mardi 8 novembre 2005

Mais qu’est-ce qu’on attend ?
Dédicace au chef…

Je suis une jeune en révolte. Si. Franchement, quand je me balade dans les couloirs de mon entreprise, je vous certifie que je me sens vachement jeune et en totale rébellion. La preuve, je suis tous les jours la dernière arrivée du couloir, à 9h15. Je boycott la cantine aussi, et pas seulement parce que je n’y ai pas droit. Une fois même, je ne suis pas allée à un pot convivial avec mes dirigeants, très conviviaux dans le genre « je me marre quand je me brûle ». Et parfois je dis « merde », « fais chier » et même, une fois, j’ai dis « dans ton cul », pas fort, au secrétariat.

Du coup, moi aussi j’ai envie de foutre le feu. Je l’ai bien senti hier en allumant le gaz. D’ailleurs, troublée, j’ai oublié mes endives à la crème et je les ai faites brûler… Quel gâchis ! Ca va mal.

Franchement, ce week-end, je vais aller au bout de ma révolte même si c'est un comportement irresponsable qui est succeptible de réveiller les extrémismes en France : je vais faire flamber des crêpes.

lundi 7 novembre 2005

10 ans déjà…
poil au bras

C’était il y a 10 ans, j’arrivais à Paris pour y faire une année d’étude qui d’avance me rebutait. La première semaine, je l’ai passée chez ce garçon hospitalier, dans l’appartement le plus bruyant dans lequel je n’ai jamais dormi. Qu’on ne jase pas, on ne dormait pas tous les deux... Le 3ème soir, on s’est disputé pour un truc minuscule, et le lendemain, il est parti prendre son RER C en boudant. Quelques minutes plus tard, une bombe a sauté à la station Musée d’Orsay et je suis partie en cours en me demandant si je le reverrai entier. Parce qu’à l’époque, seuls quelques rares initiés possédaient cet outil technologique de pointe, un (énorme) téléphone portable. Ou un be bop. Finalement, il a eu raison de sécher les cours (surtout un cours de Coréen, pour ce que ça lui servirait maintenant…)

Puis j’ai récupéré mon studio dans le IIIème au métro Temple. C’était petit, froid et calme, mais pour la Grenobloise que j’étais depuis 4 ans, le panorama manquait cruellement de montagnes… d’un truc joli qui ne soit pas une œuvre humaine. Je m’y suis faite à force. Aujourd’hui, on pourrait dire que ce sont mes voisins qui ont une jolie vue, à condition d’aimer les filles qui se promènent en petite culotte.

En novembre 1995, j’ai mis 2 semaines avant de prendre ma première carte orange, le symbole de cette nouvelle parisianité me faisait un peu peur… c’est con. Maintenant j’ai un pass Navigo et si tu ne passes pas le portillon assez vite petit provincial, je vais salement te mater, voir te pousser un peu.

Les premières années, je disais à ma patronne à chacun de nos entretiens que je ne comptais pas rester parisienne éternellement, appelée par la vraie vie, celle qu'on ne vit qu'en province. La vraie vie, avec des hypermarchés, des jardins avec des balançoires et des garages dans les maisons. Et puis elle a cessé de m’interroger à ce sujet, constatant que j’étais toujours là. Le travail et l’amour m'avaient retenue.

Aujourd’hui, même sans amour, c’est un fait, je suis toujours là. C’est ma maison maintenant.

Pourtant, ils sont nombreux les jours où j’irais bien voir ailleurs.