mardi 19 juillet 2005

Bienvenue dans l’entreprise du 20ème siècle

Au bureau, ce matin, on m’a remis dans ma jolie corbeille noire en plastique, ma mienne étant coincée entre Nicolas de la compta, rigolo comme un douanier letton, et Bruno qui insulte tout le monde car c’est son dernier jour ici, on m’a remis, donc, je disais, une mystérieuse enveloppe. Curieuse comme pas deux, je l’ouvre. Et j’y trouve un objet absolument stupéfiant, preuve que mon entreprise vient d’entrer dans le 20ème siècle. Cherchez pas, y’a pas de coquille.

Mon PDG s’est, il y a quelques semaines, adressé à son encadrement chéri (et très âgé, on avait bien climatisé pour l’occasion). Comme cet homme là est un communiquant né, il a tenu à immortaliser l’instant et à nous en livrer l’empreinte indélébile que nous pourrons nous repasser à loisirs, au bureau ou même dans notre cher foyer. Quelle joie de montrer à son compagnon de chaque jour et à son aimante progéniture (enfin moi j’ai ni l’un ni l’autre), cet homme admirable, au discours visionnaire, dont à ce propos duquel qu’on est très fier de compter parmi les oilles serviles et dévouées ! Mon PDG, cette crème d’homme, avec moi, pour toujours.

C’est là que mon entreprise se distingue entre toutes. Ce groupe connu pour sa technologie de pointe, ce vaste ensemble de services constitué d’ingénieurs parmi les plus gradés, qui rivalise avec les plus grandes sociétés de Toronto à Singapour, m’a une fois de plus épatée. Peut être à cause de la fameuse moyenne d’âge de l’encadrement qu’il ne faut pas pousser dans ses ultimes retranchements (les diaboliques nouvelles technologies), ou dans une démarche super avant-gardiste que je me ferais bien volontiers expliquer, à moins que ce soit par soucis de sélectivité de l’auditoire, le discours du big boss nous a été livré… sur une cassette vidéo VHS (PAL). Si.

Donc pour m’abreuver à la source intarissable de cet homme de sagesse et d’ambition qu'est mon chef ultime, je dois réserver une salle munie d’un magnétoscope et d’un téléviseur et ainsi m’éloigner pour 50 minutes de mon outil de travail (ça s’appelle un PC en jargon jeune cadre dynamique). Parce que de magnétoscope, j’en ai pas, même pas chez moi. Des futurologues ambitieux m’ont en effet conseillé l’an dernier de m’équiper de la technologie DVD, un truc de ouf où qu’il y a même pas de bande à rembobiner puisque c’est, pour ainsi dire, numérique. On dit même que de fourbes fabriquants en auraient glissé dans nos ordinateurs, mais méfions-nous des rumeurs...

C’est trop bête alors, encore une brillante initiative plantée par la technologie.