mardi 12 novembre 2002

La scotomisation est un art
non, ça n’a rien à voir avec le scrotum


Il s’agit en fait d’un nouveau domaine où j’excelle en matière d’expertise : le déni de réalité, appelé en termes scientifiques scotomisation ou forclusion (tout de suite on grimpe d’un niveau et il se confirme que ça n’a carrément rien à voir avec le scrotum).

C’est en fait un phénomène très simple qui consiste à organiser sa vie au mépris de toute réalité, constat ou information extérieure. Exemple : si demain Chirac décide de passer son réveillon de Noël à Bagdad ou si Loana écrit son discours d’intronisation à l’Académie Française.

C’est un mode de fonctionnement que je maîtrise très bien puisqu’il fait désormais référence. Cela consiste à monter des projets dont tout le monde sait très bien qu’ils n’aboutiront pas, de réfléchir à des problèmes pour lesquels il n’existe notoirement aucune solution ou de mobiliser des budgets qu’à l’évidence on n’aura jamais. Contre toute attente, cela peut, au final, générer plus d’activité qu’un projet réaliste et motivé : réunions sans fins, procédures sans fondements et révision permanente des délais intenables.

Deux points clés dans cette méthode : ne jamais écouter les conseils de personne car cela pourrait constituer une information sur la réalité et ne jamais tirer les leçons de ses expériences car cela est beaucoup trop éclairant. But final : ne pas s’avouer l’indigence, l’inutilité et l’infructuosité de son travail.

Cela demande attention et persévérance car à chaque instant, on peut se trouver face à la réalité, et donc se prendre en pleine face tout ce qu’on n’a jamais voulu savoir. Ce n’est pas permis ! Hors de ma vue pragmatisme et rationalisme ! Voici le règne de l’abstrait, de l’irréaliste et de l’irrationnel.

Méthode de survie comme une autre dans le monde ingrat du travail, le déni de réalité s’acquière fort bien avec l’habitude. Il impose une très faible motivation et l’absence totale d’intéressement aux objectifs. Son pendant est la création de boucs-émissaires car, et cela va de soit, le déniant ne peut endosser l’échec systématique de toute entreprise. Cela constituerait une prise de conscience sur lui-même (totalement exclue du règlement intérieur de la dénégation).

La scotomisation est un art contagieux car il repose sur un tacite accord entre des sujets unis autour d’un objectif commun : mettre en œuvre toutes les méthodes de fuite et d’aveuglement pour nier la médiocrité de leur existence. C’est du boulot.

Pour toute forme de conseil destiné à la mise en place autour de vous cette méthode tout à fait pas concrète et totalement pas efficace, tant sur un plan professionnel que personnel, contactez-moi. Je saurai vous conseiller.


La réalité ne passera pas par moi.