A toute les filles...

Mon Nouvocravail me change beaucoup du pr�c�dent. Je ne m'emmerde plus DU TOUT. Je bosse 12 heures par jour, je n'ai plus le temps de manger et la nuit, j'y pense aussi. J'ai eu mon pain blanc, comme on dit (quand on est un peu m�m�re).
Je bosse donc pour une Ptitbouate qui fait partie d'une Grossbouate. Nous sommes install�s chez Grossbouate, une vraie grosse entreprise super compliqu� et super proc�duri�re. Forc�ment, ils sont pas qu'un peu nombreux dans les �tages.
Du coup, depuis 3 jours que j'y suis, j'ai d�j� rencontr� environ 70 personnes et bien peu que je pourrais reconna�tre demain dans l'ascenseur (lent, tr�s lent). Dans le lot, un nombre impressionnant de Martine, Christine, Isabelle et Fran�oise et une quantit� colossale de G�rard, Pierre, Pascal et Jacques.
Le pire, c'est toutes ces Sylvie. Les filles, ne m'en voulez pas, mais un certain nombre d'entre vous vont devenir des Sophie ou des Solange. Encore, il y en aurait une dans le lot avec une cr�te de punk et un piercing dans le nez, je m'en sortirais (" �a c'est la Sylvie trash "). Mais c'est pas le genre du tout � Grossbouate.
Du coup, vous pouvez m'appeler Nathalie, je gueulerai m�me pas.


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Le regard le plus triste

Hier, j'ai vu le regard le plus triste qui soit : celui d'une m�re qui vient de perdre son enfant. C'�tait le regard d'une jeune femme au ventre encore rond, entour�e par les siens, portant contre elle un doudou rose qui sera le seul souvenir de sa petite. Il fallait traverser le long couloir de la maternit� bord� de pleurs et de cris de nouveau n�s et des sourires de leurs parents avant d'arriver � cette chambre silencieuse. Une m�re sans b�b�, �a sonne faux. Une m�re qui doit prendre des cachets pour stopper ses mont�es de lait, pour oublier qu'elle a bien �t� m�re pendant quelques heures, c'est l'injustice absolue.

Ma gorge s'est nou�e en la voyant inerte devant son plateau d�jeuner intact. Qu'est ce que je pouvais lui dire ? " Salut ", c'est tout ce qui est sorti. Elle s'est mise � pleurer, moi aussi. Elle s'attendait � un grand bonheur et elle traverse la pire �preuve de sa vie. Une naissance plus de 3 mois avant le terme, une petite cr�ature de 940 grammes � l'avenir plus qu'incertain, quelques signes de vie, puis la mort avant m�me d'avoir pris conscience de sa propre existence. Une petite vie de deux jours qui marquera � jamais ses parents et ceux qui l'ont vu dans sa couveuse.

Et dire que cette mort a peut �tre �t� la meilleure chose pour ce b�b� auquel les m�decins pr�disait des handicaps importants et peut �tre m�me une totale incapacit�. Mais pour la m�re qui l'a port�e et qui l'a vu bouger quand elle a senti le doudou rose � son odeur, la mort c'est la fin de tout espoir. Et la peur de ne jamais pouvoir donner la vie pour de vrai, la peur d'�tre une faiseuse de b�b�s morts et la peur des autres, de leur piti� pour cette incapacit�. Je voudrais lui dire de ne pas recommencer, de ne pas se lancer dans une autre grossesse incertaine et ainsi �viter la peur quotidienne que �a se reproduise. Plut�t pas d'enfant que revivre �a.

Je n'ai pas vu la petite et je ne verrais pas son petit cercueil partir dans les flammes. Mais je me souviendrais qu'elle m'a donn� � r�fl�chir sur ce que peut signifier une vie de deux jours, d�claration de naissance et d�claration de d�c�s simultan�e. Calvaire administratif de guichet et guichet pour dire que tu as perdu ton enfant. Camille, 30 mai - 1er juin 2003.