Je suis formelle

Pour ceux qui semblent douter que mon charmant coll�gue Lulu est vraiment pr�t � tout pour s�attirer mes bonnes gr�ces, je vous confie cette anecdote frappante.

Il y a quelques semaines, cet aimable flatteur m�appelle et m�expose son nouveau projet : mettre au point une grande campagne de pub pour convaincre les jeunes dipl�m�s de rejoindre la belle et grasse entreprise qui h�berge la mienne. Parce que dans 10 ans, l�essentiel de leurs forces vives sera bien cal� dans un fauteuil Everstyl devant "les Chiffres et les Lettres", la main sur le brumisateur. Donc il faut renouveler le cheptel pensant et ce n�est pas avec le sex appeal naturel de leur activit� qu�ils vont attirer les foules de djneuz. Une bonne campagne de pub dans la presse devait donc montrer des vrais gens jeunes et heureux de travailler l� bas. Pour ce faire, Ludovic en recherchait. Pas gagn�. D�autant qu�il fallait qu�ils acceptent de livrer leur trombine aux lecteurs de l�Express avec un slogan incitatif � oh comme je suis bien ici, viendez vous aussi �.

Il n�en d�mordait pas. Il me voulait : � oui, ce sont des filles comme toi, mignonnes et agr�ables (c�est l�ger�) qui sont le plus � m�me de valoriser l�entreprise �. Des caisses qu�il m�en a fait. Il a fallut 3 mails et moults insistations pour que je mette d�finitivement fin au d�bat : � Ludo, je ne bosse pas pour cette bo�te, j�ai juste un bureau ici, je ne peux pas faire croire aux gens que c�est vachement sympa de bosser pour eux�je bosse pas pour eux�.

S�il insistait, je lui livrais la v�rit� nue : en plus, je les aime pas.

Interpr�ter les mails de vos coll�gues de bureau

De : Ludovic
A : MD

� Merci de ton aide sur ce dossier. Ton efficacit� est � la hauteur de ta gentillesse.
Je t�embrasse. �

J�ai mis 3 jours pour lui r�pondre et je l�ai envoy� p�ter. C�est bien ce que je me disais, ce gar�on veut me sauter.

Boire le calice jusqu�� la lie

Je me r�p�te cette phrase qui m�a �t� souffl�e par un certain chatter un soir de mai� C�est tellement ma vie en ce moment. Bravement dress�e sur mon radeau de la m�duse, je m�abreuve de cette r�alit� au go�t amer, pr�te � aller jusqu�au bout de ce que je peux m�infliger.
Prendre la d�cision inf�me de plus voir l�homme que j�aime, mais le voir quand m�me, sans lendemain, juste pour attraper quelques gouttes de bonheur en pleine s�cheresse du c�ur.
Savoir que jamais nous ne serons compl�tement unis parce que sa vie est ailleurs et me r�jouir � distance de ses petites joies de p�re.
Saisir un peu de lui juste pour l�instant, faire semblant d�oublier que nous sommes dans une impasse.
Admirer les petits signes de tendresse qui rendent les gens heureux et continuer � dormir seule plut�t que de vivre des moments de rien.
Se souvenir de ce qui m�avait �t� donn� par quelqu�un que j�ai aim� et jour apr�s jour r�aliser l�immensit� du mensonge auquel j�ai bien failli croire.
Etre d��ue, encore plus d��ue que je le croyais, mais garder en moi l��motion des souvenirs.
Esp�rer que ceux que j�aime seront combl�s demain, mais penser � moi aussi, � moi surtout, � l�espoir que j�ai encore d�accomplir ma vie.