L'effet inédit du bikini
J'ai testé un phénomène inédit sur la plage grecque où j'ai passé 2 semaines de congés (payées, aux dépens du fragile équilibre financier de la petite structure d'envergure nationale de mes couilles qui m'emploie). Je m'égare : je parle du bikini, qui a révolutionné mon existence. Le maillot de bain 2 pièces, pour les non-spécialistes du prêt-à-porter, qui doivent tout de même être rares parmi les lecteurs de ce blog.
Jusqu'à cet été, il m'était techniquement impossible de revêtir ce type de costumes de bain. Comment vous expliquer la chose sans attirer sur ce blog un public non désiré ? Faisons simple : y'a du monde au balcon, ou, plus simplement, le petit Jésus, dans sa grande bonté, m'a doté d'un physique interdisant l'achat d'un ensemble haut-bas de même taille. Précisons que – et c'est là que le petit Jésus n'a pas été salaud – je suis plutôt 42 en haut et 38 en bas que le contraire (le contraire, c'est gros cul et pas de nichons). Moi, je trouve ça chiant, mais bon nombre de mes contemporains considère que j'ai reçu un don du ciel (qu'ils essayent, on en recausera).
Voilà donc pourquoi, pendant 15 ans, j'ai été condamné au 1 pièce nageur, seul accessoire de bain dans lequel je pouvais rentrer sans déclencher un scandale. Confortable, à la mode en son temps, mais pas sex du tout, le 1 pièce nageur est totalement has been depuis 2 saisons. Plus que des 2 pièces dans les boutiques.
Heureusement, le bikini m'a ouvert les bras grâce à la création de modèles "grand large". Me voilà donc partie, avec dans mes valises deux spécimens adaptés : un mauve à fleurs et un vichy rose en blanc.
Et bien, dès le premier jour de plage, la différence est nette. Avant, point de drague, point de moniteur de voile voulant me promener sur son joli bateau, pour cause de maillot anti-sex (faut dire qu'à la plage, je lis et je bronze, je défile pas pour Versace) et de l'omniprésence de bimbos, avec le slip rentré dans la raie pour faire plus chic.
Mais là, devant le faible arrivage de pouf et la moyenne d'âge élevée, me voici en première ligne pour le personnel affecté à l'animation de la plage. Et le bikini rose vichy a trouvé son public : moniteur de voile, moniteur de plongée, chef des sports… (bon, j'en rajoute un peu, mais c'est tellement nouveau pour moi…).
Quel bonheur ce fût, quel baume pour l'orgueil que de se faire draguer par un jeune et beau plongeur de 23 ans, fut-ce grâce à quelques centimètres carrés de polyamide !
D'autant qu'il était surnommé Brad Pitt, qu'il avait une gueule d'ange et le reste, je vous dis pas… De plus, il était adorable et pas vicieux pour deux sous, si bien que le Fonz, mon Homme, ne s'est que très peu inquiété de cette drague, douce, mais constante. Faut dire que le moniteur de plongée en question n'aura pas le Nobel 2003. Mon Homme du coup, lui-même fort bien fait de sa personne, il savait bien qu'il ne risquait pas grand chose (et puis tout de même, je suis une femme honnête!). Car, aurais-je été célibataire que…Parce que quand même, c'est bien de discuter un peu, même dans une certaine intimité… Qu'est ce que tu peux lui raconter au moniteur de plongée ? "Tu vois, je viens de finir "Cent ans de solitude". Tu t'intéresses à la littérature hispano-américaine ?" Non, grand Dieu, pas possible ! C'est un coup à le lancer sur le Grand Bleu, et pour peu que Luc Besson soit à l'origine de sa vocation, il peut t'en causer pendant des heures, et là, tu remballes ton bikini.