C'est un concours ou quoi ?Dans la série " concours pour me déprimer ", j'ai commencé par passer mon dimanche à pleurer comme une gourdasse pour tout un tas de motifs plus consternants les uns que les autres. Après un trop courte nuit, je débarque au bureau hier matin, et v'la t'y pas de mon arrivée est saluée par un " ma jolie ", un " ton collier te va si bien " et même un flamboyant " tu es encore plus belle quand tu souris ", venant du Président de mon fan club, présidence tournante, cette semaine attribuée au quadragénaire de l'effectif, les autres étant plutôt quinqua ou vintgta… Ils sont bien gentils mes collègues, flatteurs et aimables, mais je les ai tous envoyés péter parce qu'avec ma tronche grisâtre, mes cernes creuses et mon faciès crispé, je n'avais pas du tout envie que l'on me trouva jolie (bien que mon masque Barbara Gould fasse des merveilles). M'ont tous énervée.
La journée fût rude, et chacun y contribua à sa façon. De questionnement en introspections, de grandes décisions en " nouveau départ ", je me suis retrouvée la tête ailleurs et la larme mal accrochée à l'œil à la grande réunion préparatoire de la convention annuelle des forces de ventes. Ma gentille collègue, qui doit en avoir marre de mes poses dépressives et de mes décrochages permanents de ces derniers mois, s'est sentie obligée de ponctuer ses éclaircissements de mon prénom afin d'attirer mon attention sur le cœur du débat. Alors que la seule vraie question qui parcourait mon esprit était " qu'est ce que je veux faire de ma vie, à court et à long terme ? ", il m'a fallut me concentrer sur des problèmes aussi décisif que " la pause café, on la fait à 10h30 ou 10h45 ? ". Les yeux rougeasses et le rimel en vrac, elles ont l'habitude maintenant mes petites collègues, bien mariées et heureuses mamans.
Je me suis enfuie à Tip Top Gym où pour me remonter à bloc ( ! ! !) j'ai fini le sordide et déprimant " Hell ", avant d'entamer " Innocente ", une histoire d'anorexique qui ne sait même plus avec qui elle couche…
Comme je ne voulais reculer devant rien, je suis ensuite allée dîner avec l'Ex Homme de ma Vie Prêt à Tout pour le Redevenir (EHVPTR). On a pleuré un peu - mon quinzième litre de la semaine- il m'a offert pleins de chocolat, et une petite " vache " en terre peinte, cadeau de son filleul de 3 ans, qui l'a faite pour moi, et l'a chargé de me l'offrir faute de me voir comme il en avait envie. Tuez moi directement.
J'ai regagné mon petit chez moi par la ligne 8, putain de ligne de bourgeois le matin, mais peuplée le soir des travailleurs immigrés qui rejoignent les bureaux qu'ils décrassent. 45 minutes de larmes, moi qui suis toujours gênée par les gens qui pleurent dans le métro et qui évite de les regarder, j'aurais aimé qu'on ne me regarde pas. Seulement voilà, mon chagrin devait être intrigant, et les habituels Roumains sont venus assassiner " Les Feuilles mortes " sous mon nez. La totale
J'ai fini par m'endormir avec un certain soulagement et le désir que le lendemain me réserve des moments meilleurs.
Ca devrait pas être dur.