lundi 28 août 2006

Une décade dense

Ca fait tout juste 10 ans que je travaille. Ce beau matin de 1996, je prenais le chemin de mon stage, toute anxieuse de comment me tenir, comment causer aux gens, ce qu’il faut dire ou pas… Comme j’ai tout bien fait, ou en tout cas pas plus mal qu’une autre, les bougres m’ont gardée et c’est grâce à ce volontaire petit matin d’il y a 10 ans que je me trouve aujourd’hui ici, devant mon écran, dans mon bureau à moi, glacial l’hiver, bouillant l’été et vitré comme un bordel à Amsterdam.

Depuis ce jour d’août où sans m’en apercevoir je mettais un orteil fatal dans l’engrenage infernal du monde du travail, je n’ai plus trop peur de mal me tenir ou de mal parler. Car, de fait, je suis affalée sur mon siège et je cause comme une poissonnière à mon cher patron, qui ne cesse de s’en plaindre. Fallait pas m’embaucher.

En 10 ans, comme la plupart d’entre vous, j’en ai vécu des jours de panique avant l’inauguration du nouveau point de vente. J’en ai vu passer des notes de service réexpliquant la règle des prises de congés (avant et après la loi Aubry). J’en ai connu des intérimaires infoutues d’orthographier mon nom. J’en ai faites des réunions ineptes destinées à flatter l’égo d’un chef incompétent. Mais plus maintenant, hein, maintenant mon chef, c’est une super lumière…(tiens, salut, tu passais par là ?)

D’ailleurs, depuis aujourd'hui et après 6 mois d’abstinence, mes collègues et moi-même avons renoué avec la traditionnelle réunion hebdomadaire des cadres. Je l’avais pratiquée ailleurs, mais pas encore à « Fais le avec tes doigts », notre TPME exemplaire, mais franchement TP. Du coup, pour rendre le truc crédible, on a donné un numéro à l’unique salle de réunion, on a fixé un horaire inamovible alors qu’on se croise tout le temps dans le micro-couloir et on a même tenté l’ordre du jour, bien qu’un seul sujet nous intéresse en cette saison. Car le mail du chef qui donne rendez-vous tous les lundi à 10h30, salle 432, pour évoquer la réorganisation de la structure efficiente, ça a plus de gueule que : « bon les mecs, on se voit 1 heure à la machine à café pour que je vous refile mon taf ? ».

En fait, le travail n’est qu’une succession de rites plus ou moins établis, destinés à formaliser une activité diurne et poussive pour laquelle chacun est plus ou moins rétribué. 10 ans qu’il m’aura fallut pour m’en apercevoir…