Le nouveau voisin
On m’a encore collé un nouveau voisin de bureau. Vous me direz, c’est normal, j’occupe seule un bureau pour deux, et il a toujours été convenu que l’espace libre en face de moi accueillerait les brebis égarées et autres nomades de l’entreprise. Donc je me prends tous les consultants en transit, les virés de leur mission dont on se sait que foutre et les nouveaux qui débarquent dans ce joyeux monde en tout naïveté. Cette dernière catégorie n’a pas ma préférence car il faut tout leur expliquer, de l’assistance informatique au réglage du fauteuil. Plus c’est gradé, moins c’est dégourdi, et comme je suis en face, c'est évidemment à moi qu'ils demandent.
Là j’en ai topé un bien, un nouveau. Il est vilain, il est ingénieur, il a une sale voix et un prénom pourri. C’est moi que je l’ai… L’essentiel de son activité journalière consiste à boucler les dossiers de son ancienne boîte et à découvrir tout le bonheur qu eliuu réserve la nouvelle. Il fait des blagues foireuses avec d’autres ingénieurs aussi lourds que lui et il appelle d’improbables interlocuteurs dans des pays pourris. Parce qu’il s’est fait refiler les pays pourris, les PECO, l’Afrique guerroillante et l’Amérique Latine. Du coup, sans arrêt il téléphone au Mexique à des directeurs de société aux patronymes tout droit sortis d’une bande dessinée. Il devrait pas tarder à demander à parler à Don Diego de la Vega. L’avantage, c’est que moi qui voulais me remettre à l’espagnol, je révise à fond avec un gus qui hurle pendant 30 minutes de montre sur des Colombiens parce que le contrat n’est pas valable.
Je l’adore déjà. C’est trop bête que je ne le garde que 15 jours… et surtout ça veut dire que dans deux semaines, je m’en choppe un nouveau.