Mon avis surtout

Pour lutter contre l'ennui au bureau, c'était le Blog ou les parties de Démineur. Alors j'ai choisi le Blog... Mon avis surtout est un rendez-vous régulier avec mes pensées plus ou moins profondes sur l'état du monde et la coiffure.
monavissurtout@gmail.com

vendredi, avril 05, 2002

Avertissement spécial !

Puriste de l'orthographe, passe ton chemin ! Tu t'exposes ici à trop de souffrance.

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Même le chat ne m'aime plus

La boîte où je croupis a la particularité de posséder un chat, et même un très gros chat. Le genre tigré, avec doudoune blanche et grasse, un très gros cul et un tout petit cerveau. Nous l'appellerons G. afin de respecter son anonymat. En somme, G. est un gros lard un peu con mais très affectueux.
Il y a encore un an, cette bête m'aimait, il était même fou de moi. Dès le matin, il sautait sur mon bureau, fou d'amour, l'œil rempli de tendresse et agressait ma main pour qu'elle vienne lui gratouiller sa grosse tête vide. Il passait, entre mon écran et mon pot à crayons, le plus clair de sa journée, dormant en toute confiance ou quémandant un peu d'affection avec force ronron. C'est bien simple, on ne s'entendait plus parler tant il ronronnait, et parfois même un long bavou de bonheur s'échappait de sa gueule à l'affût de mes caresses. Une fois, il m'a embrassé sur la bouche ! Au secours, ce chat est humanophile !
Chacun était témoin de la tendre idylle qui nous unissait G. et moi. Quand est arrivée une sorte de Blanche-Neige du Nord/Pas-de-Calais. Le top de l'attraction pour petits animaux gentils. Je suis certaine que lorsqu'elle va se promener en forêt, les petits lapins sortent de leurs terriers, les oisillons s'envolent du nid et les écureuils sautent gaiement de branche en branche, et tous la suivent en chantant, fous de bonheur : "comme nous t'aimons, tu es notre amie".
Depuis qu'elle bosse ici, le chat ne décolle pas d'elle. C'est l'amour fou entre eux. Il ne vient plus jamais me voir, il m'a complètement oublié (surtout que j'ai changé de bureau, alors il y une chance qu'il ne me retrouve pas, avec son tout petit cerveau). De temps en temps, le soir, après qu'elle soit parti, il daigne faire une apparition. Il frôle mon siège, s'assied derrière le bureau et ronronne doucement. Quand je me lève pour le flatter, heureuse de notre bonheur retrouvé, il bondi hors du bureau et court comme un fou jusqu'à sa gamelle de croquettes...vide ! Il ne m'aime plus que pour mes deux mains, seules à même de le servir en Friskies à une heure tardive.
La fourbe créature va même jusqu'à lui acheter du thon en boîte pour son 4 heures. Comment voulez-vous qu'il résiste !

En parlant d'animal bête mais gentil, j'ai entendu parler, à plusieurs reprises, d'une lionne en mal de bébé, qui adopte de petites antilopes abandonnées. Telle leur mère, elle les lèche, les protège, les laisse dormir contre elle et leur ramène de la bonne viande que la pauvre antilope, herbivore, accueille d'un air halluciné. Évidemment, les deux premiers bébés se sont fait bouffer par les autres lions, par si cons. Mais à la troisième adoption de bébé antilope en péril, les gardes du parc où elle vit ont décidé de protéger cette famille recomposée afin d'observer le comportement de la lionne déviante.
Quand un fauve devient zinzin, il se transforme en petit animal gentil et affectueux qui protège les orphelins. Quand un homme pète les plombs, il prend un Glock et tire sur tout ce qui bouge. D'où la difficulté de comprendre la limite entre normalité et folie chez les êtres vivants. Enfin, moi je dis ça, je ne suis pas Gérard Miller…

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jeudi, avril 04, 2002

Il est de tradition de débuter son Blog par les motivations du néo-Bloggueur. Pour ma part, je vous dirai comment j'en suis arrivée là.
La vérité, Mesdames, Messieurs, est que je m'emmerde au bureau. Pourtant, j'ai tout de la jeune parisienne active : 29 ans, un travail depuis plus de 5 ans, un bel ordinateur devant lequel m'asseoir… Pourtant, mes journées entières se partagent entre le peignage de la girafe et le branlage du mammouth.
J'ai bien travaillé dans mon jeune temps ! Voici encore quelques mois, j'écrivais, je corrigeais, je passais des commandes, je relisais, j'organisais, j'exécutais, je téléphonais et parfois même je passais des fax. Je faisais de mon mieux, et souvent assez bien, tout ce que l'on peut faire dans un service communication d'une "petite structure d'envergure nationale" (copyright ma Pomme, aimablement cédé à mes collègues chercheurs d'emploi pour leurs lettres de motivation). J'étais occupée, parfois charrette deborded et super stress même parfois. Y'a des nuits où je rêvais sans cesse du boulot, celui de la veille ou du lendemain, faisant et refaisant, réfléchissant, imaginant, décidant… Aujourd'hui mes nuits sont plus calmes encore que mes jours. Je m'emmerde ferme.

Cause de cette déchéance : une conjonction de facteurs plus ou moins définis, résumés simplement en une large démotivation de toute la boîte, à commencer par la direction qui, de communication, n'en a jamais entendu parler. Me voici donc dans une équipe décimée : tout le monde est plus ou moins dans les starting-blocks de Keljob.com et ceux qui ont déjà pris la fuite fanfaronne de leur bonne fortune. Pour les autres…

Voilà, voilà. Plus rien à foutre. Oh ! Je ne dis pas ! De temps en temps, y'a bien une brève à écrire… sur le départ d'un salarié ! Et quand le téléphone sonne, c'est soit mon mec, soit ma mère, soit une mémé qui demande la BNP, qui a changé de numéro depuis 2 ans et "non, Madame, je ne vois pas pourquoi j'aurais leur nouveau numéro !"

Vous me direz : "pourquoi ne pas te casser toi aussi pour échapper au marasme ?" Ben j'essaie, c'te bonne blague ! Et même 2 heures pas jour, Mesdames, Messieurs. Mais du travail dans la communication, y'en a pas. Enfin, y'en a pas ailleurs, vu qu'ici y'en a pas non plus. Et je ne sais malheureusement rien faire d'autre.

Alors pour meubler les 6 heures qui restent, il me fallait bien trouver quelque chose avant de définitivement péter les plombs. Vous ne pouvez pas imaginer comme c'est usant de n'avoir rien à faire ici, alors que l'on serait mieux chez soit. Mais il faut bien que je justifie mon salaire, au moins par ma présence ("Le téléphone est raccroché ? Oui, le téléphone est raccroché, parce que parfois il est décroché, alors, n'est ce pas, ça ne peut pas sonner…")

Bon, que faire ? J'ai essayé plusieurs options : perdre du temps sur des sites nuls sur le Net (ça lasse vite), dauber sur mes collègues avec mon voisin de bureau (on a vite fait le tour et maintenant on ne peut plus sacquer personne), boire des tisanes et pisser toute la journée (usant pour la vessie + suspicion de la personne qui occupe le bureau à côté des toilettes)… J'ai même envisagé le pire : discuter layette en coton et gibelotte de lapin avec le club des mémères de 30 ans fondé par de sombres secrétaires inactives et résignées. Mais je refuse d'en arriver là ! Jusqu'à la révélation…
Tandis que mon activité périclitait et que je m'étiolais lentement derrière mon pti bureau, sur mon fauteuil ergonomique, j'appris l'existence du Blog simultanément par le quotidien Libération et par le Rouquin du Liban avec qui je corresponds par mail.

Voilà mon Trompe-le-temps trouvé. Au risque de n'intéresser que ma famille (réduite à une mère surexcitée et à un chat peu accorte), mon mec (qui est au courant de ma vie tous les soirs depuis plus de 5 ans) et mes amis (qui n'ont rien demandé non plus), je me lance dans un Blog salvateur.

De quoi ça va causer ? De tout ce qui me passe par la tête, et vue la faible mobilisation de mes capacités intellectuelles par mon activité professionnelle, y'a plein de trucs qui passent en ce moment. Je n'ai pas la prétention de refaire le monde, mais juste de l'éreinter ou le louer, selon mes humeurs du moment. Et il n'y a pas que mon avis qui n'intéresse que moi : il y a ma vie aussi ! Je m'en vais donc vous la faire partager de gré ou de force. Pas d'exib tout de même, c'est pas le genre de la maison.

Je donne donc rendez-vous à tous les inoccupés, les oubliés du stress, les (bientôt) inaptes au travail, les Hercules de l'inertie, que la mondialisation et la rationalisation du monde l'entreprise ont laissés au bord du chemin, pour que les uns les autres nous ne nous laissions pas dépérir.

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