mardi 22 juillet 2003

Femme jusqu'au bout des seins…
…ayant réussi l'amalgame de l'autorité et du charme

C'est tout de même pas de la tarte d'être une femme qui réussit dans le monde de l'entreprise. Je parle pas pour moi, on est bien d'accord. Je parle des femmes qui deviennent top directrice manager executive chief, le truc qui a de la gueule, qui fait rager tous les mecs et qui rend la femelle suspecte.
Plusieurs cas de figures.
Soit la femme a le malheur de posséder un physique avantageux, ne serait-ce que convenable, et là, c'est une salope qui a couché ou qui, au mieux, a fait du charme à toute la boîte pour en arriver là. L'être qui semble avoir tout réussi est un être haï.
Soit la femme n'est pas très avantagée physiquement et là, on lui met dans la gueule toute la journée. Elle devient la super moche top directrice manager executive chief. Car pour une femme, le super moche l'emporte sur le reste, la réussite, les compétences, le travail… Des mecs moches à des postes de directions, y'en des wagons, mais personne ne relève. C'est normal. Le directeur général est naturellement moche, chauve et bedonnant et peut parfaitement porter le costard tergal le plus ringard qui soit. On ne regarde pas son physique car on attend pas de lui qu'il irradie de beauté, mais juste qu'il fasse péter les objectifs. Mais la top directrice, elle, se devrait en plus d'enchanter le regard de tous. En plus, sa réussite engendre la suspicion. Si elle en est arrivée là, en étant une femme dans un monde d'homme, c'est que c'est une garce qui balaie tout sur son passage, une chienne sans pitié, une hystérique…Truc encore plus grave, c'est que sur le sujet les femmes ne réagissent pas mieux que les mecs. Poids énorme du formatage social qui rend même les femmes misogynes…

Et puis y'a rien à faire. Tu as beau être arrivée au top de l'entreprise, être une femme d'affaires accomplie, les mecs veulent toujours voir ta culotte ou ton soustif. Gare aux tribunes où l'on décroise les jambes en tailleur-jupe devant un parterre masculin. Ca leur fait autant d'effet que quand c'est Sharon Stone dans Basic Instinct. Et gare au Tampax qui tombe du sac à main devant les toilettes. La culotte et le soutif, c'est, dans le fond, ce qui différencie le plus les hommes de leurs collègues féminines. Alors c'est sur cette différence, considérée comme une faiblesse, que ces messieurs appuient.

Je me souviens d'une copine qui débarquait à 23 ans dans le monde du consulting. On lui disait de porter le tailleur-jupe, oui, mais pas trop court et pas trop glamour. Vous êtes priée d'être une femme mais pas trop s'il vous plaît. Sinon, c'est inconvenant. Des femmes, il en faut bien, pour équilibrer une équipe de projet et éviter que des ingénieurs boutonneux restent entre mecs, sinon le niveau descend tout de suite très bas. Et il faut bien " une touche de féminité " pour plaire au client (ce qui veut dire " fais un sourire au Monsieur "). Mais la jupe au-dessus du genou ou fendue sur le côté, ça fait femelle en chaleur. Mais Mademoiselle, vous aviez donc des genoux ? C'est plus que nous ne pouvons en supporter. Le tailleur gris-mémère, c'est la burka de l'experte-comptable.