vendredi 13 mai 2005

Le nouveau voisin

On m’a encore collé un nouveau voisin de bureau. Vous me direz, c’est normal, j’occupe seule un bureau pour deux, et il a toujours été convenu que l’espace libre en face de moi accueillerait les brebis égarées et autres nomades de l’entreprise. Donc je me prends tous les consultants en transit, les virés de leur mission dont on se sait que foutre et les nouveaux qui débarquent dans ce joyeux monde en tout naïveté. Cette dernière catégorie n’a pas ma préférence car il faut tout leur expliquer, de l’assistance informatique au réglage du fauteuil. Plus c’est gradé, moins c’est dégourdi, et comme je suis en face, c'est évidemment à moi qu'ils demandent.

Là j’en ai topé un bien, un nouveau. Il est vilain, il est ingénieur, il a une sale voix et un prénom pourri. C’est moi que je l’ai… L’essentiel de son activité journalière consiste à boucler les dossiers de son ancienne boîte et à découvrir tout le bonheur qu eliuu réserve la nouvelle. Il fait des blagues foireuses avec d’autres ingénieurs aussi lourds que lui et il appelle d’improbables interlocuteurs dans des pays pourris. Parce qu’il s’est fait refiler les pays pourris, les PECO, l’Afrique guerroillante et l’Amérique Latine. Du coup, sans arrêt il téléphone au Mexique à des directeurs de société aux patronymes tout droit sortis d’une bande dessinée. Il devrait pas tarder à demander à parler à Don Diego de la Vega. L’avantage, c’est que moi qui voulais me remettre à l’espagnol, je révise à fond avec un gus qui hurle pendant 30 minutes de montre sur des Colombiens parce que le contrat n’est pas valable.

Je l’adore déjà. C’est trop bête que je ne le garde que 15 jours… et surtout ça veut dire que dans deux semaines, je m’en choppe un nouveau.

mardi 10 mai 2005

Question : mais qu’est ce que je leur ai fait ?
Réponse : bah rien de particulier

Question : pourquoi est-ce que les gars avec qui je suis sortie, plus ou moins longtemps, plus ou moins régulièrement, me recontactent plusieurs mois après ? C’est une manie, un vrai festival ces dernières semaines… le retour des ex, un par un, sous des prétextes foireux de préférence. Maintenant, dès que mon téléphone se met à vibrer, je redoute le SMS du revival : « Salut, qu’est-ce que tu deviens ? », « Coucou de Saint-Marcel-sur-Lesgourde ! » (sous-entendu, « tu te souviens comme nous y avons passé un bon week-end ? »…). De l’an dernier ou d’il y a 15 ans, l’ex se manifeste, se rappelle à mon bon (?) souvenir. L’ex s’emmerde, alors il écrit ou il appelle. Qu'est ce qu'il s'imagine l'ex ? Que gourde comme je suis, j'attends depuis 6 mois qu'enfin il tapote mon numéro avec ses didis, folle d'espoir et enfin soulagée de ce tendre SMS "Si tu es libre une soir cette semaine...". Bah non.

Réponse : Non mais vraiment, rien de particulier, je vous jure… rien d’extravagant en tout cas. Du rizotto et de la mayonnaise maison, éventuellement… Je ne vois rien d’autre. En tout cas, je suis bien embêtée : répondre ou faire le mort ? « Profite bien du soleil » ou que tchi ?

Conclusion : dans tous les cas, bien garder les numéros en mémoire comme je le fais, pour identifier formellement quel vieux coup m’envoie son bon souvenir.

lundi 9 mai 2005

Tché tchranquillou, tché gaoulf…

Bien que n’étant pas des clones, contrairement à ce qui a pu se dire, la dame à la poignée de porte pourrie et moi-même partageons les mêmes goûts dans de nombreux domaines, ainsi que les mêmes aversions : la voile, le chewal, Sous le Soleil, les chanteuses qui crient, le théâtre subventionné et son prophète Vincent Josse qui nous pète les couilles le matin sur Inter, les amateurs de bagnoles, les mecs rasoirs, les idiotes, les pulls qui grattent, la bouffe synthétique… et les snobs qui se la pètent.
Et pourtant, nous nous sommes découvert un nouveau sport de prédilection où pullulent les snobs qui se la pètent, grassement motorisés, rasoirs, amateurs de voile et de chewal. Le golf.

Initiée chacune de notre côté lors d’un séjour au Club Med, moi en brésilien, elle en limousin, nous avons choppé le virus de la baballe. Quoi de plus épanouissant en effet que de passer des plombes à essayer d’envoyer valser une balle blanche avec un engin métallique (onéreux) sans jamais y arriver vraiment mais avec le fol espoir d’y arriver un jour ? Remettre l’ouvrage sur le métier sans cesse, et surtout, pas se péter le dos…
La dame étant obsessio… motivée et organisée comme jamais, voilà qu’elle nous dégote un fameux plan pour taper la balle à Paris. En route pour le royaume du chewal… un monde peuplé de snobs qui se la pètent grave. Un pays de petits polos à croco avec des petits pantalons à pinces et des noeunoeux dans les cheveux. Un pays où tu ne peux pas ponctuer ta conversation de « dans ton cul »… Donc pas notre élément a priori.

Et pourtant, malgré un début difficile avec renversement intégral du saut de balles par terre, on s’en est fait 56 chacune en 1h30 de temps. Avec des résultats variables et mitigés, mais encourageants. De toute façon, c’est le principe même de l’exercice, plus tu essaies, moins tu y arrives et plus tu as envie de recommencer.

Nous avons certes gloussé comme des pintades, mais, et c’est là notre première réussite majeure dans le monde du golf, on s’est même pas fait tej par les riches.
D’accord, on est les seules à venir en métro et pas en véhicule de plus de 9 chewaux négligemment déposé sur le parking. D’accord, avec mes cours en brésilien, je ne connais le nom de rien sauf l’herbe, le principal conseil de mon prof, le Chico du green, étant « tché tchranquillou, tché gaoulf, tché tchape la carpet é tou tchouche la pelotach… », c’est dire si c’est déjà miraculeux que je tape dedans. D’accord, malgré ses 67 heures de sport hebdomadaires, la fille n’est pas plus foutue que moi de dépasser les 50 mètres. Mais un jour viendra, oui, où, nous aussi, nous fouetterons l’air d’un geste souple et vif, et où la balle s’élèvera plus près de Dieu que des hommes… Et attendant, faites quand même gaffe à pas rester sur les côtés.