jeudi 9 février 2006

Un bond technologique à rebours

Aujourd’hui, dans mon entreprise, quelqu’un est venu se plaindre des nouveaux documents de correspondance, spécialement imprimés pour faire plus design, plus « vraie entreprise qui se la pète ». Le problème : c’est qu’on ne peut pas écrire dessus au stylo-plume. Ca bave.

Par conséquent, je suis (en plein préavis, à 15 jours de mon départ, précisions-le) à deux doigts de rédiger une note à tous sur l’incompatibilité regrettable entre l’adoption d’une charte commerciale digne de ce nom et le si distingué usage de la plume d’oie. En gros, pour se la péter à l’export, il va falloir renoncer à l’encre de Chine. C’est bien dommage.

C’est à cause de ces progrès de la technologie de l’on perd les fleurons de notre culture, les bases de notre civilisation. La tradition part en couilles, nos bons vieux outils sont menacés, comme dirait Jean-Pierre Pernault. De même, on ne peut plus graver sur des plaques de cire au stylet et transmettre par coursier à cheval. Et, pour d’obscures raisons commerciales, on ne produit plus de vrai parchemin, ni de couverture en peau de chèvre, ni de reliure en crin de baudet du Poitou, pourtant si réputée sous Louis XI. Fini les enluminures, fini les cachets à la cire. Le numérique a eu raison de la presse Gutemberg, et c’est bien regrettable.



Par contre, j'ai bien envie de recommander à mes collègues l’usage de l’objet ci-dessus, à l’instar d’un jeune cadre dynamique de ma connaissance. Au moins, on entend bien, c’est ergonomique au possible et ça fait pas mal aux oreilles.

mercredi 8 février 2006

Il y a des jours où on se plaint
ben on devrait pas

C’est ce que je me suis dit après une conversation, ce midi, avec une vieille connaissance à moi. Je lui connaissais vaguement des problèmes familiaux, sans plus. En fait, vu le tableau qu'il m'a dépeint, c’est le moins qu’on puisse dire.

Un père qui divorce, ce n’est jamais simple. Surtout quand il quitte le domicile conjugal pour rejoindre une femme avec qui il entretient une liaison depuis plusieurs mois. Encore plus quand la femme à 30 ans et lui 60. Là, encore on gère. Mais on apprend ensuite la profession de la dame : pute. Tapin. Prostituée. Avec 2 gosses issus d’on ne sait où. Gloups. Re-Gloups quand le papa avoue l’avoir rencontrée en tant que client, activité qu’il a toujours pratiquée. Et gloups, et gloups et re-gloups : papa part vivre avec une pute de 30 ans. Il laisse sa respectable épouse, son bel appartement et son confort bourgeois pour l’amour d’une pute, avec, accessoirement, le risque de tomber pour proxénétisme. Ca la fout plus que mal dans le milieu, du coup la famille s’effondre, ses enfants, ses frères et sœurs et sa vieille mère. Tiens, et comment on explique ça aux petits enfants ? Papy est partie vivre avec une… dame. On ne va plus pouvoir jouer à la bonne famille française un brin facho. Quoi qu’elle est bien française la péripatémachin, ce qui sauve au moins le vernis.

Je suis plutôt coulante comme fille, pas trop sectaire je crois, mais là, sincèrement, je n’ai pas réussi à réconforter mon camarade par un bon vieux « c’est pas si grave » ou « ça va s’arranger ». Parce que c’est vraiment vraiment une énorme tuile qui tombe sur le coin de la gueule.

En disant au revoir à cette personne, je me suis jurée de ne plus jamais affirmer trop rapidement que mes parents sont pénibles et irrationnels. Au moins jusqu’à ce soir.