vendredi 17 janvier 2003

Formons un cercle prospectif préparatoire au groupe de travail ad hoc afin d’organiser une réunion de préparation en vue de la création d’un club de réflexion qui pourrait aboutir à une commission thématique constitutive d’un séminaire de recherche

Bref, réfléchissons ensemble aux trucs qu’on ferait si on avait envie de bosser

Par Naufrage Consulting et notre expert-conseil international M. PaCa (entre deux avions)


La bonne entreprise merdique nourrie ses forces vives (et viles) de réunions et groupes de travail quasi permanents. Car, le meilleur moyen de ne pas produire – ce qui est, rappelons-le, l’objectif ultime de la boîte de merde, est de mobiliser son personnel sur ce que l’avenir pourrait nous réserver de merveilleux, formidable et hors-de-portée si on n’y consacre pas toute son énergie constructive dans le cadre de petits groupes informels qui se réunissent régulièrement. C’est-à-dire tous les jours. 24h/24. Chaque minute que Dieu fait. Du coup, pas le temps de bosser.

L’État de réunion permanente est indispensable à l’entreprise merdique, une source intarissable de merdification mais aussi de mystification, des uns par les autres et des autres par les uns. Car les dirigeants croient, du coup, que les salariés travaillent, et les salariés pensent, de ce fait, que les dirigeants ont un projet pour l’entreprise. Que nenni, chions-nous gaiement dans les bottes, mais dans une grande pièce mal éclairée et avec du café, un paper-board et un vidéoprojecteur en rade !

Que ferait M. Grégoire de ses tristes journées s’il n’était pas totalement mobilisé sur la constitution de projets potentiellement préparatoires ? M. Grégoire occupe dignement ses 8 h par jour (faut pas déconner) à squatter le bureau de Mme Brigitte afin de résoudre tous les problèmes de la boîte, surtout les infimes et les insignifiants. Sans oublier de ponctuer ses emballements cérébraux lumineux et quasi incontrôlables par de savoureuses plaisanteries de bon aloi (calembours, contrepèterie, histoires belges). Il est comme ça, M. Grégoire, réflexif et dévoué, ça lui évite de produire rien qu’un peu.

Bref, tout le monde s’occupe et se donne bonne conscience tout en préservant la douceur de ses mains et la fraîcheur de ses trop rares neurones. Pour une efficacité proche de zéro. La tête à Toto.

Car l’État de projet permanent permet de ne jamais entreprendre concrètement quoi que ce soit. Car avant de se lancer aveuglément, l’entreprise merdique n’omet jamais de longuement peser le pour, le contre, le peut-être, le pourquoi, le si jamais, le on pourrait et le ptêteben. Longtemps. Souvent. Toujours. Pas faire des trucs ! Trop dangereux et surtout trop crevant. Alors que l’on peut passer ses journées assis sur une chaise (voir un fauteuil pour les mieux lotis) et tripotant des trombones en compagnie de sympathiques collègues tout aussi désœuvrés, mais qui aiment bien causer de tout et de rien. Comme ça, à brûle-pourpoint.

Le grand intérêt de ce cycle réflexif ininterrompu et perpétuel est son renouvellement quoditien. Lundi, on réfléchit et on trouve plein d’idées à mettre en œuvre pour faire des trucs achement bien. On se mobilise et on booste nos targets. Mardi, on fait table rase, parce qu’on a tout oublié et parce qui sinon on serait obligé de les faire, les trucs. C’est le syndrome « Un jour sans fin » de l’éternel recommencement. Chaque jour, on refait tout comme la veille. Hier est le même jour qu’aujourd’hui et demain ne doit pas exister. Pour cela, il suffit de ne pas prendre de notes et de ne pas faire de compte-rendu des réunions. Comme ça, personne s’en souvient (hémisphère gauche ramolli cause too much Buffalo Grill et too soon le Big Dil).

Alors, toi, salarié qui redoute la merdification de ton entreprise, entraînes-toi à détecter les signes fondateurs de la réunionite extensive. Si pour le moindre souci administratif (organisation des horaires, formulaire de prise de congé, stylo qui fuit), M. Grégoire convoque les équipes opérationnelles pendant deux heures, c’est sérieux. Si, sous prétexte que tu as déjà eu un Bic rouge qui bavait un peu, tu te retrouves embarqué dans un petit groupe amené à se réunir régulièrement... c’est super grave. Apprêtes-toi à consacrer ton existence entière chercher une parade économiquement soutenable à l’évasion de l’encre depuis un corps plastique orangé dans le cadre de l’application sur un papier standart A4 80 grammes. T’es dans la merde.

Naufrage Consulting, nous merdifions, et nous le faisons bien.

Special Guest Star : Contribution Môôôooossieur PaCa

Grâce à « Naufrage consulting », la petite structure d’envergure nationale qui s’apprête à disparaître au fond de l’océan n’a plus de secret pour vous, lectrices, lecteurs, de « Son avis surtout ».
Vous le savez désormais mieux que quiconque. Il est 2 heures moins le quart. La coque vient de se briser en deux. L’épave retombe et se trouve bientôt complètement à la verticale. Tous sur le pont. On s’accroche comme on peut à la rambarde. D’autres ont beaucoup moins de chance. Tenez, là, Monsieur Grégoire vient d’être englouti par les flots. Trop las pour tenir. Trop lourd, aussi (en tombant, il n’a pu s’empêcher de faire une des siennes bonnes blagues : « Oh bah, pour une fois que j’vais être à l’eau ! Hîîîiiipfeûûûuuuh ! Hîîîiiipfeûûûuuuh ! Hîîîiiipfeûûûuuuh ! ». Le visage fouetté par les embruns crachés par une nuit aussi ténébreuse qu’inquiétante, je lance à ce qui me reste de collègues : « Tenez bon, les filles ! Et quand le navire coulera, prenez une grande respiration. N’oubliez pas que le poids de cette petite structure d’envergure nationale va essayer de vous entraîner au fond de l’eau alors faites tout ce qui est possible pour remonter ! ». Et tandis que Céline Dion s’époumone à tenter de me convaincre que, coûte que coûte, mon cœur doit continuer (je fais du 55 au repos, c’est pas si pire), le bateau fantôme commence sa lente progression au fond du glacial océan. Moi, je dis : « A la une ! A la deux ! » et clac ! j’me réveille. Je m’étais endormi sur mon bureau de la petite structure d’envergure nationale. Madame Mélusine, ma chef de service, vient me voir :
- Monsieur PaCa, dis-moi… Pour la nouvelle charte graphique, on devrait, je ne sais pas ce que tu en penses mais …associer plusieurs personnes du personnel.
Je commence à paniquer. J’ai désormais 22 petits groupes de travail. Ces 22 petits groupes de travail sont issus de 22 petites réunions informelles dont le relevé de conclusions a été
sans appel : constitutions immédiates de groupes de travail qui sont amenés à se réunir régulièrement.
- Bah heu… On n’avait pas décidé, hier, ce truc ? Que c’était notre graphiste (NDLA : prestataire de service qui s’appelle « G.vulavierge.com ») qui s’en occupait ?
- Oui, oui. Mais maintenant, je n’en suis plus tout à fait certaine…
Ah oui, j’oubliais ! Du passé, faisons table rase. Tous les jours. Et recommençons demain. Madame Mélusine :
- On pourrait se réunir avec ..heu…, Monsieur Flavien, Monsieur Grégoire, toi et moi, non ?
Je souffle un grand coup et prends mon agenda :
- Quel créneau je bloque chaque semaine ?
- Heu… pourquoi chaque semaine ! ? ! Il s’agit simplement d’une petite réunion informelle ! ! !
- Non mais… ce serait peut-être pas mal que ce petit groupe se réunisse régulièrement sur le sujet ?
- Tu crois ? me questionne Madame Mélusine, dubitative, non, attendez… Non, non, d’accord. Elle est maintenant d’accord. Con.vain.cue par mon argumentation.
Alors bonne et longue vie au petit groupe de travail sur la charte graphique dont le première séance devrait forcément se terminer comme ça :
- Et en rouge…
- En rouge ? Tu crois… Ou en bleu… ouais, en rouge…
- J’sais pas… ouais… ptêt ben… On en reparle la semaine prochaine ?

Je serais là : pas d’problème ! Signé Môôôooossieur PaCa, docteur maître es merdification, pour vous servir.

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mardi 14 janvier 2003

Les Urgences de la Forêt-Noire

Quel choc de revoir les premiers épisodes d’Urgences !

- Georges Clooney est tout gros, avec une sale coupe pas glamour du tout
- Dr Green a des cheveux et une femme à tête carrée (pas glamour non plus)
- Les infirmières, c’est pas les mêmes
- Mais surtout, les premiers épisodes vont à deux à l’heure. Y’a pas de scénario, pas de rythme, juste des personnage qui s’enchaînent. C’est tout pourri : on dirait la Clinique de la Forêt noire.
-
« Mon petit Dieter, passeu moi la pinceu afin que je clampeu l’aorte de M. Helmut qui a trop manché de saucisse de foie avec du pain noir »
« Non, Gunther, car il est 14h30 et je tois partir avant la nuit et la fermeture des makasins ».

Aïe ! Encore Goret ! Avec PaCa, on a mis en place une méthode anti-germanophobie qui consiste à mettre (virtuellement) 1 euro dans le Goret à chaque fois que s’exprime ce vieux (et répandu) sentiment moqueur à l’égard de nos voisins européens d’outre-Rhin. Car nous avons honte de cette attitude d’un autre âge et nous luttons contres ces clichés totalement dépassés à l’heure de la construction européenne.

Bon, heureusement que c’est virtuel car c’est un échec complet et ça nous coûterait une fortune. De quoi poire une ponne pière defant Derrik !
Aïe ! Encore Goret !

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Malheureusement
ou malgré

Comme on dit « pas de nouvelles, pas de nouvelles ». Depuis un mois, je devrais en avoir des nouvelles de la Dame ou du Monsieur pour leur joli poste qu’il on tout vacant. Mais comme j’en ai pas, faut bien me résoudre.

J’aurais pu aller la (le) voir le matin, lui dire « Bonjour Martine (ou Bruno) », lui parler de mes vacances et m’enquérir des siennes. On aurait fait des réunions, on aurait eu des objectifs. J’aurais pu l’apprécier ou la (le) détester.

Mais au lieu de ça, elle (il) va m’envoyer un courrier avec « malheureusement » dedans. Ou « malgré » avec intérêt ou compétences derrière. Pas de Martine, pas de Bruno, retour à la case Bôcravail.

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