mercredi 4 juin 2003

A toute les filles...

Mon Nouvocravail me change beaucoup du précédent. Je ne m'emmerde plus DU TOUT. Je bosse 12 heures par jour, je n'ai plus le temps de manger et la nuit, j'y pense aussi. J'ai eu mon pain blanc, comme on dit (quand on est un peu mémère).
Je bosse donc pour une Ptitbouate qui fait partie d'une Grossbouate. Nous sommes installés chez Grossbouate, une vraie grosse entreprise super compliqué et super procédurière. Forcément, ils sont pas qu'un peu nombreux dans les étages.
Du coup, depuis 3 jours que j'y suis, j'ai déjà rencontré environ 70 personnes et bien peu que je pourrais reconnaître demain dans l'ascenseur (lent, très lent). Dans le lot, un nombre impressionnant de Martine, Christine, Isabelle et Françoise et une quantité colossale de Gérard, Pierre, Pascal et Jacques.
Le pire, c'est toutes ces Sylvie. Les filles, ne m'en voulez pas, mais un certain nombre d'entre vous vont devenir des Sophie ou des Solange. Encore, il y en aurait une dans le lot avec une crête de punk et un piercing dans le nez, je m'en sortirais (" ça c'est la Sylvie trash "). Mais c'est pas le genre du tout à Grossbouate.
Du coup, vous pouvez m'appeler Nathalie, je gueulerai même pas.


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lundi 2 juin 2003

Le regard le plus triste

Hier, j'ai vu le regard le plus triste qui soit : celui d'une mère qui vient de perdre son enfant. C'était le regard d'une jeune femme au ventre encore rond, entourée par les siens, portant contre elle un doudou rose qui sera le seul souvenir de sa petite. Il fallait traverser le long couloir de la maternité bordé de pleurs et de cris de nouveau nés et des sourires de leurs parents avant d'arriver à cette chambre silencieuse. Une mère sans bébé, ça sonne faux. Une mère qui doit prendre des cachets pour stopper ses montées de lait, pour oublier qu'elle a bien été mère pendant quelques heures, c'est l'injustice absolue.

Ma gorge s'est nouée en la voyant inerte devant son plateau déjeuner intact. Qu'est ce que je pouvais lui dire ? " Salut ", c'est tout ce qui est sorti. Elle s'est mise à pleurer, moi aussi. Elle s'attendait à un grand bonheur et elle traverse la pire épreuve de sa vie. Une naissance plus de 3 mois avant le terme, une petite créature de 940 grammes à l'avenir plus qu'incertain, quelques signes de vie, puis la mort avant même d'avoir pris conscience de sa propre existence. Une petite vie de deux jours qui marquera à jamais ses parents et ceux qui l'ont vu dans sa couveuse.

Et dire que cette mort a peut être été la meilleure chose pour ce bébé auquel les médecins prédisait des handicaps importants et peut être même une totale incapacité. Mais pour la mère qui l'a portée et qui l'a vu bouger quand elle a senti le doudou rose à son odeur, la mort c'est la fin de tout espoir. Et la peur de ne jamais pouvoir donner la vie pour de vrai, la peur d'être une faiseuse de bébés morts et la peur des autres, de leur pitié pour cette incapacité. Je voudrais lui dire de ne pas recommencer, de ne pas se lancer dans une autre grossesse incertaine et ainsi éviter la peur quotidienne que ça se reproduise. Plutôt pas d'enfant que revivre ça.

Je n'ai pas vu la petite et je ne verrais pas son petit cercueil partir dans les flammes. Mais je me souviendrais qu'elle m'a donné à réfléchir sur ce que peut signifier une vie de deux jours, déclaration de naissance et déclaration de décès simultanée. Calvaire administratif de guichet et guichet pour dire que tu as perdu ton enfant. Camille, 30 mai - 1er juin 2003.