mardi 12 décembre 2006

Le Trouduc perso de la semaine

Sans conteste, mon syndic d’immeuble qui « oublie » de prévenir les gentils petits locataires que des travaux vont être réalisés sur l’ascenseur, juste au moment où je déménage. Non sans déclencher la révolte des octogénaires de la co-propriété, et dans le XVème, y’en a…

Je n’allais pas le donner à Pinochet, d’abord parce que c’était un criminel plus qu’un Trouduc, ensuite, parce qu’il est mort. Sur la fin, cet homme-là méritait surtout le Grand Prix de l’excuse à 2 balles, digne de nos pathétiques tentatives pour sécher la gym en 4ème : « Madame, je peux pas, j’ai mal au ventre ». Lui, c’est rendre des comptes sur les milliers de méchants rouges qu’il avait sauvé du Marxisme en les rappelant au Seigneur, qu’il pouvait pas faire. Il avait mal à ses jambes. Mais comme nous en 4ème, une fois sorti d’affaire, il avait oublié qu’il avait mal et courrait comme un Papon. Comme un lapin, je veux dire.

J’aurais en revanche volontiers salué la douce Margaret Thatcher qui s’est dite attristée du décès trop tardif de la vieille baderne sanguinaire. A moins qu’il n’ait fallu récompenser l’incurie journalistique qui m’a valu d’entendre à la radio hier matin que Pinochet était coupable de génocide au Chili. Si la journaliste en question avait un jour ouvert un livre, elle y aurait peut être lu que le terme ne s’applique que dans le contexte précis d’une élimination systématique et organisée d’une population pour des motifs d’appartenance nationale, ethnique ou religieuse. Grosso modo, quand un groupe humain s’emploie à vouloir éliminer totalement un autre groupe humain juste parce qu’il est pas pareil. Communément, on le dit des Arméniens en 1915 (sauf quand on est turc), des Tsiganes et des Juifs par les Nazis (sauf quand on est iranien), des Tutsis par les Hutues (sauf quand on est un militaire français sur place et qu’on préfère regarder ailleurs), et on l’a dit, mais vite pour pas gêner, au Tribunal pénal international à propos des civils Bosniaques à Srebrenica, bien que le cadre fût très circonscrit.

Mais évidemment pas de génocide au Chili. C'était juste une répression sanglante dans un joli cadre totalitaire. Bref, du courant, du commun, du qu’on trouve à tous les coins de rue du monde, depuis qu’il est monde. Le génocide, c’est une autre affaire, c’est le titre de noblesse de l'inhumanité. Et il y en a des candidats au titre suprême. Déjà « crime contre l’humanité » et sur les rangs pour l'obtention de "génocide" :
- Pol Pot et les Khmers rouges : 1,5 million de morts pour des raisons ethniques et idéologiques, ce dernier aspect freinant l’obtention du titre. Il est toutefois reconnu par certains et moi-même, je suis assez pour.
- Staline : 10 millions de paysans ukrainiens morts de faim. Bien que la volonté de les y aider est manifeste, sans effusion de sang, c’est moins convaincant.
- Saddam Hussein : près de 200 000 Kurdes gazées dans leurs villages. Jolie technique, mais pas assez poussée pour être crédible.
- Les Djandjaouids et le Gouvernement soudanais : d’ores et déjà, un accessit pour le Darfour et ses 300 000 morts. Prometteur.

Quant à mon syndic d’immeuble : ben c’est vraiment un Trouduc.