L’exil le plus doux
Il y a tout juste 3 ans, je me faisais la malle. Je quittais précipitamment, et sans laisser d’adresse, mon lieu habituel de résidence et surtout son autre occupant, pour chercher refuge chez qui voulait bien m’accueillir pour une durée non déterminée.
Les années se suivant sans se ressembler, je campe chez mon tendre Briouat d’amour aux épices depuis 3 semaines. C’était ça ou le canal Saint-Martin, mais comme ma tente Quechua est à la cave entassée avec tout ce que je possède, j’ai préféré migrer dans le XIème. Un véritable exil qui me conduit à traverser Paris matin et soir alors que je suis l’heureuse propriétaire d’un mini-mignon appartement à 2 pas de mon travail que j’aime énormément, surtout mes collègues. Sauf que l’appartement ne sera vraiment mignon que quand il sera complètement retapé et depuis des semaines, il est blanc comme neige de poussières et de tâches de peinture sur les bâches. Quant à mon appart d’avant, il s’est trouvé une autre locataire.
En raison du léger retard pris par la complète rénovation des lieux, il a fallu se résoudre à une migration complète : mes affaires à la cave, mes meubles sur la terrasse, sous bâche, et moi chez mon Homme bleu de désert chéri au sucre. A l’autre bout de Paris, au 6ème sans ascenseur et à proximité d’un Franprix où l’on ne peut strictement rien acheter pour un dîner un peu trendy, le genre apéro de bourgeoise comme j'aime.
Bref, de quoi se sentir mal dans ses baskets, même si ce sont de jolies Nikes mi tweed que j’ai eu en soldes.
Même pas. On file le parfait amour, on rentre le soir, heureux de se retrouver et on se fait des petits dîners grâce au mini-four que je lui ai cédé. Oui, rendez-vous compte si je suis grave in love, je lui ai donné mon four, durement acquis quand j’ai posé mes valises dans le XV il y a 3 ans, et surtout durement ramené de Darty en équilibre précaire sur mon caddie à roulettes. Pratiquement ma chair et mon sang, mais en four-grill programmable, qui fait aussi bien les rosbeef que les toasts.
Au lieu de se mettre sur la gueule, on se manque quand on ne se voit pas. Pourtant, j’ai des piles de fringues partout et lui laisse traîner ses chaussettes. Je mange du fromage qui pue (toasté) le matin et lui oublie des vieux bouts de poulets dans l’évier. Bref, des trucs insoutenables, mais pas quand on s’aime. Ou quand on sait que ce n’est plus que pour quelques jours. C'est sûrement ça.
jeudi 18 janvier 2007
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