jeudi 4 avril 2002

Il est de tradition de débuter son Blog par les motivations du néo-Bloggueur. Pour ma part, je vous dirai comment j'en suis arrivée là.
La vérité, Mesdames, Messieurs, est que je m'emmerde au bureau. Pourtant, j'ai tout de la jeune parisienne active : 29 ans, un travail depuis plus de 5 ans, un bel ordinateur devant lequel m'asseoir… Pourtant, mes journées entières se partagent entre le peignage de la girafe et le branlage du mammouth.
J'ai bien travaillé dans mon jeune temps ! Voici encore quelques mois, j'écrivais, je corrigeais, je passais des commandes, je relisais, j'organisais, j'exécutais, je téléphonais et parfois même je passais des fax. Je faisais de mon mieux, et souvent assez bien, tout ce que l'on peut faire dans un service communication d'une "petite structure d'envergure nationale" (copyright ma Pomme, aimablement cédé à mes collègues chercheurs d'emploi pour leurs lettres de motivation). J'étais occupée, parfois charrette deborded et super stress même parfois. Y'a des nuits où je rêvais sans cesse du boulot, celui de la veille ou du lendemain, faisant et refaisant, réfléchissant, imaginant, décidant… Aujourd'hui mes nuits sont plus calmes encore que mes jours. Je m'emmerde ferme.

Cause de cette déchéance : une conjonction de facteurs plus ou moins définis, résumés simplement en une large démotivation de toute la boîte, à commencer par la direction qui, de communication, n'en a jamais entendu parler. Me voici donc dans une équipe décimée : tout le monde est plus ou moins dans les starting-blocks de Keljob.com et ceux qui ont déjà pris la fuite fanfaronne de leur bonne fortune. Pour les autres…

Voilà, voilà. Plus rien à foutre. Oh ! Je ne dis pas ! De temps en temps, y'a bien une brève à écrire… sur le départ d'un salarié ! Et quand le téléphone sonne, c'est soit mon mec, soit ma mère, soit une mémé qui demande la BNP, qui a changé de numéro depuis 2 ans et "non, Madame, je ne vois pas pourquoi j'aurais leur nouveau numéro !"

Vous me direz : "pourquoi ne pas te casser toi aussi pour échapper au marasme ?" Ben j'essaie, c'te bonne blague ! Et même 2 heures pas jour, Mesdames, Messieurs. Mais du travail dans la communication, y'en a pas. Enfin, y'en a pas ailleurs, vu qu'ici y'en a pas non plus. Et je ne sais malheureusement rien faire d'autre.

Alors pour meubler les 6 heures qui restent, il me fallait bien trouver quelque chose avant de définitivement péter les plombs. Vous ne pouvez pas imaginer comme c'est usant de n'avoir rien à faire ici, alors que l'on serait mieux chez soit. Mais il faut bien que je justifie mon salaire, au moins par ma présence ("Le téléphone est raccroché ? Oui, le téléphone est raccroché, parce que parfois il est décroché, alors, n'est ce pas, ça ne peut pas sonner…")

Bon, que faire ? J'ai essayé plusieurs options : perdre du temps sur des sites nuls sur le Net (ça lasse vite), dauber sur mes collègues avec mon voisin de bureau (on a vite fait le tour et maintenant on ne peut plus sacquer personne), boire des tisanes et pisser toute la journée (usant pour la vessie + suspicion de la personne qui occupe le bureau à côté des toilettes)… J'ai même envisagé le pire : discuter layette en coton et gibelotte de lapin avec le club des mémères de 30 ans fondé par de sombres secrétaires inactives et résignées. Mais je refuse d'en arriver là ! Jusqu'à la révélation…
Tandis que mon activité périclitait et que je m'étiolais lentement derrière mon pti bureau, sur mon fauteuil ergonomique, j'appris l'existence du Blog simultanément par le quotidien Libération et par le Rouquin du Liban avec qui je corresponds par mail.

Voilà mon Trompe-le-temps trouvé. Au risque de n'intéresser que ma famille (réduite à une mère surexcitée et à un chat peu accorte), mon mec (qui est au courant de ma vie tous les soirs depuis plus de 5 ans) et mes amis (qui n'ont rien demandé non plus), je me lance dans un Blog salvateur.

De quoi ça va causer ? De tout ce qui me passe par la tête, et vue la faible mobilisation de mes capacités intellectuelles par mon activité professionnelle, y'a plein de trucs qui passent en ce moment. Je n'ai pas la prétention de refaire le monde, mais juste de l'éreinter ou le louer, selon mes humeurs du moment. Et il n'y a pas que mon avis qui n'intéresse que moi : il y a ma vie aussi ! Je m'en vais donc vous la faire partager de gré ou de force. Pas d'exib tout de même, c'est pas le genre de la maison.

Je donne donc rendez-vous à tous les inoccupés, les oubliés du stress, les (bientôt) inaptes au travail, les Hercules de l'inertie, que la mondialisation et la rationalisation du monde l'entreprise ont laissés au bord du chemin, pour que les uns les autres nous ne nous laissions pas dépérir.