Tché tchranquillou, tché gaoulf…
Bien que n’étant pas des clones, contrairement à ce qui a pu se dire, la dame à la poignée de porte pourrie et moi-même partageons les mêmes goûts dans de nombreux domaines, ainsi que les mêmes aversions : la voile, le chewal, Sous le Soleil, les chanteuses qui crient, le théâtre subventionné et son prophète Vincent Josse qui nous pète les couilles le matin sur Inter, les amateurs de bagnoles, les mecs rasoirs, les idiotes, les pulls qui grattent, la bouffe synthétique… et les snobs qui se la pètent.
Et pourtant, nous nous sommes découvert un nouveau sport de prédilection où pullulent les snobs qui se la pètent, grassement motorisés, rasoirs, amateurs de voile et de chewal. Le golf.
Initiée chacune de notre côté lors d’un séjour au Club Med, moi en brésilien, elle en limousin, nous avons choppé le virus de la baballe. Quoi de plus épanouissant en effet que de passer des plombes à essayer d’envoyer valser une balle blanche avec un engin métallique (onéreux) sans jamais y arriver vraiment mais avec le fol espoir d’y arriver un jour ? Remettre l’ouvrage sur le métier sans cesse, et surtout, pas se péter le dos…
La dame étant obsessio… motivée et organisée comme jamais, voilà qu’elle nous dégote un fameux plan pour taper la balle à Paris. En route pour le royaume du chewal… un monde peuplé de snobs qui se la pètent grave. Un pays de petits polos à croco avec des petits pantalons à pinces et des noeunoeux dans les cheveux. Un pays où tu ne peux pas ponctuer ta conversation de « dans ton cul »… Donc pas notre élément a priori.
Et pourtant, malgré un début difficile avec renversement intégral du saut de balles par terre, on s’en est fait 56 chacune en 1h30 de temps. Avec des résultats variables et mitigés, mais encourageants. De toute façon, c’est le principe même de l’exercice, plus tu essaies, moins tu y arrives et plus tu as envie de recommencer.
Nous avons certes gloussé comme des pintades, mais, et c’est là notre première réussite majeure dans le monde du golf, on s’est même pas fait tej par les riches.
D’accord, on est les seules à venir en métro et pas en véhicule de plus de 9 chewaux négligemment déposé sur le parking. D’accord, avec mes cours en brésilien, je ne connais le nom de rien sauf l’herbe, le principal conseil de mon prof, le Chico du green, étant « tché tchranquillou, tché gaoulf, tché tchape la carpet é tou tchouche la pelotach… », c’est dire si c’est déjà miraculeux que je tape dedans. D’accord, malgré ses 67 heures de sport hebdomadaires, la fille n’est pas plus foutue que moi de dépasser les 50 mètres. Mais un jour viendra, oui, où, nous aussi, nous fouetterons l’air d’un geste souple et vif, et où la balle s’élèvera plus près de Dieu que des hommes… Et attendant, faites quand même gaffe à pas rester sur les côtés.
lundi 9 mai 2005
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