Proverbes du jour :
"à vouloir plaire à tout le monde, on risque de ne plus contenter personne"
"il ne faut pas mettre la charrue du second tour avant les bœufs du premier"
Hier, dimanche, Lionel nous a quitté. Est-ce une si grande surprise ? La rumeur courait depuis une quinzaine de jours. Il faut dire que Lionel affirmait début mars ne pas être le candidat socialiste. Alors il ramait lamentablement depuis 2 semaines pour dire que "finalement, si, tout bien réfléchi, il était de gauche tout ça". Cata. Comment pouvait-il imaginer rassembler une majorité de Français alors qu'il rassemble avec peine une majorité d'électeurs de gauche ? C'est qu'il faut pas se foutre d'eux les électeurs de gauche. On leur a dit : "mais si m'ssie dames, il a fait des trucs Jospin". Ben en 5 ans, y manquerait plus qu'il est rien foutu. "Pas assez, grand Chambellan" ont-ils répondu. "Faudrait arrêter de vous la péter et venir voir chez nous comment on vit". "Nous, on a nos mômes qui ne trouvent que des boulots de merde, nos retraites dont on ne verra jamais la couleur et y'a plein d'insécurité à Sainte-Gudule-les-Pendules !" Ah bon ? "Ben, oui, ils le disent tous les soirs dans le poste, et même que Chirac y se fait cracher dessus par des extrangers, dans des villes où on est jamais allé, mais c'est des noms qui font peur".
Voilà comment les fiefs de gauche votent Le Pen. Voilà comment de vieux socialistes et ex-communistes (quoi ça ?) finissent à l'extrême droite. Voilà comment des départements comme la Haute-Marne, l'Yonne, l'Aube ou la Haute-Saône bien connu pour la prolifération du crime (1 tentative de vachicide enregistrée à côté de Culmont-Chalindrey en 2001 a fait les gros titres du Journal de la Haute-Marne pendant des semaines "Nos bovins aujourd'hui, et bientôt ils s'en prendront à nos betteraves !") finissent par sombrer dans le ridicule. Même les cul-terreux ont peur car on leur a dit que dans des villes (y z'en ont jamais vu), y'a des arabes (y z'en ont jamais vu) qui brûlent des voitures (y..., si quand même). Alors ils imaginent qu'un jour viendra où les Sauvageons foutront le feu à leur tracteur. Merci Jacques Chirac, merci TF1, merci M6, et merci France Télévision car maintenant toute la France chie dans son froc. Merci tout de même à Lionel qui est tombé droit dans le panneau de la campagne sécuritaire, thématique où il a un bilan exécrable. Plus possible de jouer au foot dans le Val-de-Marne. Plus possible d'annoncer à un candidat au permis qu'il a échoué dans le 9.3. Plus possible d'aller vivre Place des Fêtes ou Porte de la Chapelle. Merci aussi au public de France-Algérie qui a sifflé la Marseillaise, à la grande surprise des joueurs algériens. Merci encore à Lionel qui n'a pas été foutu de "faire de gauche" comme en 1995. Présider autrement : slogan de programme bandant pour le commun des salariés du public et du privé qui se demandent de quoi sera fait demain. Le Demain de la mondialisation, des délocalisations, des emplois précaires, de la crise du service public, du problème des retraites. Trop sûr de lui le gars. Pas la peine de pousser à gauche, ratissons large. T'as rien ratissé mon Pote.
Mais maintenant, c'est sur les Législatives qu'il va falloir éviter la cata. Risque fort de députés FN. C'est pas le moment de se lamenter. Il faut agir. Au lieu de traiter de fascistes les électeurs de Le Pen (il n'y a pas 20 % de vrais fascistes en France), il va falloir aller les chercher. Il y a 10 ans, on ne voulait pas des voix de Le Pen. Maintenant, il va falloir les prendre et les mériter car on ne peut pas continuer à ignorer 1 électeur sur 5 (ceux qui se sont abstenus, bien fait pour vous). Ils n'ont pas la gale, ils ont juste la rage.
lundi 22 avril 2002
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