mercredi 24 avril 2002


Résistance au fascisme et coiffure
ou mon nouveau coiffeur s'appelle Hicham


Je vous avais prévenu : "mon avis surtout" est consacré à mes pensées plus ou moins profondes sur l'état du monde ET la coiffure.
Eh bien, aujourd'hui, pour lutter contre les chemises brunes bientôt sur les Champs, je suis allé chez le coiffeur. J'en avais bien besoin car j'ai miraculeusement décroché un entretien d'embauche, où je vais éviter d'arriver avec une vieille serpillière sur la tête.

Je me suis donc rendue, entre midi et 2, chez le coiffeur Mod's Hair le plus proche de mon lieu de travail. L'endroit grouille de jeunes gens body-buildés et méchés, vêtus de noir (pour faire plus mince), qui vous sautent dessus dès l'arrivée pour "reprendre vos mèches à la racine". Bref, c'est la plus grande concentration de pédés du quartier, et dans mon coin du quinzième, ça n'est pas si courant.

Pour ma part, je choisis toujours de me faire coiffer (ou "reprendre les mèches à la racine") par des gars plutôt que des filles. Les coiffeuses sont méchantes et agressives : elles ont la fâcheuse habitude de vous reprocher pêle-mêle : votre manque de volume, vos racines grasses, vos pointes desséchées, … et vous ordonne sur le champ de pratiquer crèmes et rinçages deux fois par semaine. "Tu crois vraiment que j'ai que ça à foutre, pétasse. C'est pas parce que la coiffure est au centre de ta vie, qu'elle doit envahir la mien." Alors qu'avec les garçons, pas de rivalité du chignon (mais risque de discussion de poufiasse sur la promiscuité des salles de gym ou le dernier album "trop top" de Whitney Houston).

Avant d'y aller, j'interrogeais ma collègue Madame M. (détentrice provisoire de Gros G. le chat qui pue) sur les prénoms possibles de mon futur nouveau coiffeur. Le précédant s'appelait Fabio et m'entretenait longuement sur sa technique d'effilage (Merci de bien lire EFFILAGE). Nous pariâmes donc sur Brian, Bruce, Juan ou Jason (qui en vrai s'appellent tous Didier, Bruno ou Stéphane). Cependant, nous avions négligé la présence (plus pour longtemps) de représentant des minorités ethniques dans la coiffure.

Pendant qu'il rafraîchissait mes pointes desséchées, je pensais qu'il s'appelait Hassan. Pas loin ! Mon nouveau coiffeur s'appelle Hicham (en vrai il s'appelle Mouloud). C'est le moins sexy du salon (le moins too much aussi) et il a eu le bon goût de ne pas m'entretenir de la vie sexuelle des Windsor, de la sortie de Marlène du Loft ou des élections (ben, non ça risquait pas). Et malgré la nonchalance bien connue de ces gens-là et leur propension à négliger la qualité du travail (d'arabe), le jeune Hicham m'a fort bien coupé des cheveux. Il s'est même escrimé pendant plus d'un quart heure, avec sa brosse et son séchoir, dans l'espoir vain me choucrouter. Mais, comme le confirmerait Madame M., je suis inchoucroutable. Cette fois, je ressemble vraiment a Calista Flockhart d'Aly Mac Beal, avec 15 kilos de plus (au moins j'ai une chance d'ovuler un jour, alors qu'elle non).

Je vous informe par ailleurs qu'Hicham m'a donné un carton permettant à "une de mes amies" de se voir offrir un "shampooing-brushing" dans son salon et par ses soins. Je précise à l'intention des amateurs de jeunes maghrébins potelés qu'il ne peut malheureusement. s'agir que "d'une amie".

Je suis donc de plus en plus motivée pour éviter à la peste brune de contaminer le pays. Car il faut les empêcher de renvoyer mon coiffeur Hicham "chez lui", où il y a surtout des chèvres à coiffer (déjà il se sera entraîné sur moi). Un garçon qui vient à bout du paillasson que j'ai sur la tête, ça serait trop bête de l'envoyer en camp.