mardi 10 septembre 2002

Touche à ta nouille
(tiens, c'est la phrase chic de la semaine…)

Peux plus moi. C'est pas que je suis en permanence devant ma télé, mais j'ai l'impression que, comme d'ab, les émissions de rentrée tournent avec 4 invités, qui font le tour les plateaux les uns après les autres. Par exemple, dans l'émission (consternante) de Beigbeder ou dans celle de Bernard Tapie (ouh la la !), le téléspectateur a dû subir l'un des écrivains français les plus médiatiques, mais aussi l'un des plus consternants : Philippe Sollers.

Perso, j'ai jamais pu le blairer, mais là, là, làààààààààààààààààààààà…. Pas possible.

Lors de ses deux passages destinés à vendre sa dernière et médiocre production, nous avons eu droit au fabuleux, et tous les jours réinventé, récit de son dépucelage à 14 ans. L'an dernier, c'était 15, l'an prochain, il bandait déjà dans son berceau, comme Bali-Balo. Et par une professionnelle, s'il vous plaît (une pute quoi) !

Lui trouve que c'est plus classieux, par une pute. Comment lui dire ? Ca fait, au bas mot, 25 ans que la prostitution n'est plus un exquis encanaillage de bourgeois dont les messieurs de la bonne société se gaussent dans les soirées (cause drogue, SIDA, esclavagisme). Non seulement les Maisons sont fermées depuis 60 ans bientôt, mais en plus, je ne vois pas en quoi il etait beaucoup plus distingué de chopper la chtouille au One Two Two avant-guerre que Cours de Vincennes en 2002. De son point de vue, si : les bordels étaient assidûment fréquentés par un certain nombre d'intellectuels à qui ce vieux priapique aurait rêvé d'être associé. Mais, aux dernières nouvelles, ce n'est pas l'entrejambe qui fait l'écrivain.

Pauvre Sollers ! Il en est rendu, vantard qu'il est, à se targuer d'avoir précocement, en grand expert, reluqué des femmes d'expérience plutôt que des jouvencelles rétives. Grand bien lui fasse, mais qu'il garde pour lui ses premiers touche-pipi. On s'en fout !

Il se trouve qu'après avoir été son fonds de commerce "littéraire", la fabuleuse histoire de ce qui se trame entre ses jambes lui permet aujourd'hui de passer dans des émissions vulgaires, pour rester propre (comme Jean-Pierre Mocky d'ailleurs). C'est ça ou les Grosses têtes avec Carlos et Kersauson (encore moins chics).

Car pour passer à la télé et vendre tes bouquins, l'idéal de nos jours et de venir causer de ta nouille. C'est ça qui intéresse le public, du moins faut croire, puisqu'on nous en propose à foison. De l'actrice de porno, certes, mais aussi un certain nombre de quidams, persuadés avoir une activité zobesque digne d'intérêt. Or, en dehors de quelques cas hors du commun, rien ne ressemble plus à une zigounette qu'une autre zigounette (idem pour le pilou-pilou). Et même en action, exceptées (et encore, je n'en suis guère convaincue) quelques acrobaties extravagantes, bouillaver reste toujours bouillaver.

Alors moi, le vieil asticot que Sollers se tripatouillait déjà en bas âge ou la moule pas fraîche de Catherine Millet où tout Paris a plus ou moins trempé, mais alors, je m'en cogne, et surtout, je ne veux pas qu'on m'en parle.

C'est pas contre eux, hein ! Mais globalement, je veux qu'on ne m'entretienne de l'appareil uro-génital de personne.

Quant à Sollers, cette surenchère à sa façon pour prouver à quel point il est viril, il faut lui dire : c'est pathétique. Monsieur, vu votre âge, et malgré votre vantardise, je pense que le gros de vos frasques est derrière vous. Que vous en parliez avec vos amis, votre famille ou votre concierge, soit. Je trouve ça malsain, mais après tout, il ne tient qu'à eux de vous faire comprendre que votre suprême quéquette ne vaut sans doute pas que l'on y consacrât tant d'éloges. Mais le plus triste encore, c'est que vous vous sentiez obligé de toujours embellir de récit de vos émois, qui ne sont qu'un trempage de biscuit comme un autre. Car vous êtes, Monsieur, une créature bien banale, qui respire, mange, dort et fornique comme tant d'autres. Cela vous déplaît sans doute.