Bougez, mais pas trop, avec la Poste
Tiens, je réalise que je n’avais pas encore dit du mal ici de nos amis de la Poste. Il faut dire que pendant quelques années, j’ai fait partie d’un cercle fermé de privilégiés dont la Poste du coin est le bureau de la rue du Louvre, celui qui est ouvert 23h/24. Vous le connaissez forcément, puisque c’est celui qui est télévisé une fois par an, à minuit, à la date limite d'envoi des déclarations d’impôts. On y voit les Parisiens et banlieusards peu prévoyants s’agglutiner pour recevoir le fameux cachet de la Poste, qui fait foi. Forcément, je n’avais rien à redire, c’est bonnard de pouvoir aller chercher son colis à toute heure. Mais dans mon 15ème, je suis revenue à la dure réalité de la Poste, la vraie. Et le choc a été rude.
Le commerce en ligne, c’est top. Tu disposes d’un super choix d’articles dans le monde entier, tu restes au chaud et ton paiement est enfin correctement sécurisé. C’est à la livraison que surgissent les vrais emmerdes. Tout ce temps économisé devant ton écran au lieu de courir Paris en tout sens pour faire de bonnes affaires, tu le perds irrémédiablement dans l’interminable file d’attente à 8h30, alors que tu devrais déjà être en route pour le bureau. Ou pire, le samedi midi, tes tartines à peine avalées, alors qu’il y a tant de choses plus sexy à faire pour commencer ton week-end.
Mon bureau de Poste nous ramène à la préhistoire du service public : attente, inconfort, accueil limite poli quand il n’est pas franchement hostile, consternant spectacle des discussions persos et des engueulades entre postiers, traitement arbitraire selon le guichetier, du service le moins possible, du respect on n’y pense même pas.
Pour un retrait de colis, soit on ne te demande rien du tout, soit on frise l’enquête de Police désagréable et suspicieuse « Il faut sortir la pièce d’identité du portefeuille »...Voilà. « Je peux donc vous remettre le colis puisque c’est bien vous ». Ben oui… C’est quelle en doutait encore la dame ! Et mon empreinte rétinienne pour récupérer deux paires de shows bradées ?
Quand la mauvaise volonté ambiante tombe sur un jeune africain mal alphabétisé qui procède à un transfert de fond dans son pays d’origine, il se démerde tout seul même s’il bloque le guichet pendant 20 minutes et il finit par se faire engueuler. Service public vous avez dit ?
Mais un miracle survient parfois. En la personne d’une jeune recrue attendrie par la file d’attente interminable qui décide bravement d’ouvrir un guichet supplémentaire pour accélérer le flux. Au bout de 10 minutes on l’entend s’écrier à l’intention de collègues invisibles : « si vous continuer à discuter, je ferme, il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que moi qui bosse »… Ce qui met très à l’aise les 23 personnes debout dans la file depuis 25 minutes. Si c’est elle qui le dit…
Alors ce matin, forcément, je m’attendais à passer un moment pénible en allant chercher mon colis. Pas été déçue. Un agent avait été mobilisé sur le dossier interrupteur. Ben oui, il fait grand jour à 9h mais le soleil n’étant pas au rendez-vous, la question se pose : on allume ou on éteint ? Il fut procédé à des essais pointus…longuement. On se serait cru dans les Visiteurs avec Jacquouille aux commandes.
Bienvenue à la Poste soviétique : on attend des plombes, on se fait mal recevoir, on en sort exaspéré, mais au moins, on n’a pas mal aux yeux.
mardi 22 mars 2005
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