mardi 31 janvier 2006

Blue



Cet aimable rongeur de couleur bleue et pourvu de grandes oreilles est la seule créature qui accepte de partager mon lit plus de trois semaines. Fidèle, limite collant. Tous les autres individus qui y ont séjourné ces 6 derniers mois se sont fait la malle, la plupart du temps sans même un mot d’explication. Dans certains cas, il n’y avait rien à expliquer tant il était évident qu’il ne s’agissait que d’un passage, consenti faute de mieux. Mais dernièrement, il y a de la claque qui s’est perdue. Ma phrase du mois étant : « déjà, j’ai du mal à concevoir qu’on se donne beaucoup beaucoup de mal juste pour me sauter, mais alors qu’on déploie beaucoup d’énergie et de temps et qu’on dépense de l’argent pour me séduire, pour en fin de compte, ne pas me sauter, j’avoue que ça dépasse totalement mes limites intellectuelles ». Mais elles doivent êtres limitées mes limites intellectuelles.

Forcément, la suite de ce constat de fuite régulière des individus mâles de ma couche, est de me remettre en question. Ca doit venir de moi. Il y a forcément un truc. Dans un des cas, je vois bien le problème : l’individu m’ayant vu trop belle, il a vraisemblablement été déçu. Moi pas tant que ça de ne plus le croiser. En revanche, un silence soudain, sans cause palpable, sans aucun signe avant-coureur me laisse pleine de colère, de désarroi et de découragement. Stop.

Ca vient sûrement de moi, mais pas que. C’est quoi cette époque de merde où l’on ne plaque plus les gens ? Attention, mamie MD va radoter sur l’ancien temps, il y a 10 ans, quand on prenait la peine de décrocher son téléphone ou de gratouiller un mot bidon sur le thème « non, ça n’est pas toi, c’est moi, je ne suis pas prêt, j’ai d’autres priorités, et bla bla bla ». Une époque révolue. Maintenant, le courage s’arrête même à la porte du SMS, et pourtant le largage par SMS, c’est déjà pas glorieux. Mais c’est encore trop demander, le respect ne va pas jusque là. La preuve, quand on prend encore la peine de plaquer par SMS, le malheureux destinataire trouve le moyen de vous remercier, de votre franchise, de votre courage. Dingue… C’est à n’y plus rien comprendre.

Donc, je refuse de comprendre et je reste avec ma souris. Mignonne mais fort peu entreprenante. J’aurais pas pu avoir « Jack the rabbit » pour Noël, plutôt ?

Le fait de me rapprocher dangereusement des 33 ans pourrait m’alerter et me pousser à de lourdes compromissions, afin de ne pas voir poindre le fantôme de l’éternel célibat. Que dalle. Plus je vieillis, moins je suis prête à supporter les petits jeux et les mensonges. Je ne veux plus jouer. Ou pas pour de vrai.

Et plus je vieillis, plus je me transforme en repoussoir. La fille de 33 ans sans enfant devient forcément une fille au taquet dans l’esprit du mâle apeuré. M’en fous. De toute façon, je suis tellement tellement loin de mes espérances d’autrefois d’une vie faite de rires et de tartes aux pommes, que je n’ambitionne plus que de passer le cap des fameuses trois semaines. Un truc de fou : voir quelqu’un, dormir chez lui, dormir chez moi, aller au cinéma, se réveiller ensemble un dimanche matin et déjeuner au lit. Ce que je n’ai pas fait depuis 3 ans bientôt. Voilà ce à quoi j’aspire et je ne veux pas entendre parler d’autre chose. Je ne suis pas prête de re-présenter un gars à ma mère, rien que l’idée me glace.

Je crois même que je ne suis pas prête de re-draguer un gars. Rien que la perspective de ne plus avoir de nouvelles passé 2 semaines, me met en rage, d'avance.