Ma consécration dans le monde de l’entreprise
À la surprise générale
C’est un vrai foutage de gueule. Il y a à peine 15 jours, de ma petite boutique dans ma belle entreprise, tout le monde s’en taponnait grave le coquillard. Il y avait bien eu un élan soudain d'intérêt, mais ça restait modeste. Par contre, depuis que j’ai collé ma dem, je suis devenue indispensable. Mon agenda est à mourir de rire.
Avant, les rares visites que j’avais étaient des sortes d’excursions panoramiques commentées de mon décolleté (mais pas en car Suzanne). Maintenant, toutes sortes de directeurs franchissent sans crainte le seuil de mon bureau pour me supplier de les accompagner dans leurs démarches prospectives au Tadjikistan. Et forcément, comme je me barre, j’accepte négligemment, en me foutant de leur gueule. C’était ça le truc : j’aurais du d’entrée jouer la condescendance. Me la péter devant les centralo-mino-esseco-polytechniciens (de mes deux). Juste pour leur expliquer, moi, Lolotte avec mes jolis souliers, comment faire tourner un Powerpoint. C’est marrant, ça m’est pas venu à l’idée sur le moment. Fallait me le dire qu’ils voulaient une dominatrice, j’aurais pris mon fouet.
Pas de bol non plus, c’est juste en ce moment que je me barre qu’arrive des nouveaux, susceptibles de me prendre au sérieux. Enfin sur un autre sujet que le lavage de la laine à la main. Ou l’épluchage des échalotes.
Conclusion, Miss Nichons est devenue Anne Lauvergeon. J’ai des réunions chez les prestataires informatiques qui veulent achever les projets avant mon départ, des fois que je sois remplacée par une méga gourdasse. Alors que je suis une méga gourdasse en informatique, de qui se moque t'on. On me réclame dans le groupe de réflexion stratégique à moyen terme : c’est connu, la strat, ça passionne les gens qui se barre donc je suis à fond. On me veut dans le comité de pilotage pour le projet de rachat de Saturnin S.A., un truc qui doit aboutir bien 15 jours après mon départ, c’est dire si c’est raisonnable de me confier une mission sur le sujet. Ils sont fous.
Evidemment, mon nouveau patron veut déjà que j’ai un pied dans sa boîte. Et je le rappelle, ma nouvelle entreprise c’est un peu « Fais le avec tes doigts S.A. ». Ca tombe bien, j’adore l’artisanat, mais l’artisanat à distance, c’est pas commode. Surtout pendant les réunions stratégiques où on me demande ce que l’employeur que je quitte pourrait faire en 2012. Sérieux, je sais à peine ce que je fais ce week-end.
Adieu la grosse boîboîte. Fallait m’aimer avant. Maintenant, laissez moi. Toute ma force créative est destinée à mon Toto préféré (et mon immense capacité de léchage de chef aussi). Moi, aussi je vais le "Faire avec mes doigts (SA)".
jeudi 2 février 2006
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