"Comme un coup de tonnerre" ou "il l'a eu profond"
Jeudi dernier, j'étais bien attentivement devant ma télé pour regarder le doc de Jérôme Caza sur Lionel "La Louze" Jospin. Quelle bonne idée ce fût de suivre le dernier mois de campagne de notre candidat "non socialiste" au milieu de tous ses amis du Parti Socialiste. La société de prod voulait produire un pendant de "Les Yeux dans les Bleus", et bien c'est réussi, car on espère que le troisième épisode de la saga de l'équipe de France sera aussi éloquent sur les causes de la défaite.
Au début, Lionel est tout remonté : il fait même des blagues à ses assistantes. Il est presque rigolo. Bon, ils ne se tiennent pas les côtes non plus au siège de campagne, mais par rapport à son image publique, il a l'air presque fun le Jospin. Rapidement, il sort des trucs énormes sur Chirac. Mais cela ne gène pas du tout son directeur de campagne, Glavany-ravi. Il est toujours content : Lionel domine les sondages = content, Lionel dit que Chirac est une vieille merde = content, Lionel est pris à parti par des syndicalistes =content, Lionel se banane dans les sondages = content…
Du coup, à force de raconter n'importe quoi et de défendre un programme bidon, Lionel sent bien qu'il se ramasse et on voit l'ambiance baisser d'un cran au siège de campagne (que je refuse d'appeler l'Atelier, mais si on sent bien le côté amateur). Parlons en du programme. Rédigé par cette tête d'œuf de Moscovisci, il m'est personnellement tombé des mains, comme à bien d'autres. Dans une réunion interne, Georges Frêche, maire de Montpellier et représentant des couches les moins favorisées intellectuellement au PS, signale que personne ne comprend rien à ce programme et surtout pas les électeurs. Comme quoi, il faut toujours avoir un idiot-test sous la main. Mais on ne l'a pas écouté sous prétexte que Séguéla dit des trucs plus intelligents.
Ce documentaire nous révèle que le moins crétin au PS est – de loin – François Hollande (qui l'eut cru) et qu'à l'approche du "coup de tonnerre", dans les réunions devenues hautement dépressives, un paquet de conneries ont été racontées sur l'éventualité d'un second tour Chirac –Le Pen (merci Jean-Marc Ayrault). Signalons aussi les plaintes de Jospin sur son manque de temps pour réfléchir, trop occupé par son équipe de com qui lui impose par exemple une séance photos avec Karl Lagerfeld (voir tête de Jospin quand K.L. lui parle de son régime).
Je ne veux pas faire la fine observatrice qui a tout vu et tout compris, mais j'ai l'impression que Jospin savait déjà quelques jours avant qu'il allait l'avoir profond, ce qui explique que le 21 avril, il ne fût que déconfit et pas anéanti. On ne voit pas ce qu'il fît le 22 avril, mais on imagine qu'il s'est connecté sur LastMinute.com pour se trouver des vacances en Sicile la semaine du 5 mai.
lundi 24 juin 2002
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