jeudi 15 septembre 2005

La soirée du fun et de la lutte finale

Ce soir, pour compenser une annulation de dîner par un petit con immature (que j'adore par ailleurs), je me suis enfermée dans mon chez moi avec une bouteille de pif (oui, je bois toute seule, mais aujourd'hui, on va dire que j'ai le droit), quelques crackers à l'oignon (je dors toute seule...) et de la glace au yaourt, mon parfum préféré, payée au prix du baril de brut à la Grande Epicerie...
Je me retrouve devant France 5 et un documentaire sur des inspecteurs du travail. Mon Dieu... ça existe encore. J'ai beau être la fille d'un patron, je serai toujours, par principe, du côté de ces gens là, qu'ils alignent un resto chinois pour hébergement abusif à l'étage, une carrosserie industrielle pour pollution par la peinture ou une boîte de nettoyage pour la mort d'un type de 30 ans, père d'un bébé de 3 semaines, et tombé d'un échafaudage mal foutu en lavant des carreaux. Ca me colle mal au bide rien que d'y penser. 471 salariés qui sont morts en 2004 d'un accident du travail, près de 49 000 inaptes à vie... Le travail, pour beaucoup de gens en FRANCE, ICI, AUJOURD'HUI, constitue encore un risque vital. Marche ou crève.

Fille de patron, c'est sûr. Je sais pourtant que mes grands-pères sont tous deux nés dans ce qu'on appelle maintenant la précarité. Qu'ils ont été ouvriers et syndicalistes, collègues de travail bien avant la naissance même de mes parents, et virés tous deux pour cause de grève (à cause des accords de Munich en 38 par un patron juif qui s'excusera quelques années plus tard). Je me souviens pourtant très bien des années (76-77) où mon père était un simple comptable dans une fabrique d'aiguilles, de l'année (78) où il était chômeur et nous super fauchés. Je sais aussi qu'en mai 81, Maman a sauté de joie dans le salon et qu'on a bu le Champagne. Je sais qu'en 2001, des ouvrières ont fait le pari de le suivre dans sa création d'entreprise, et qu'à Noël dernier, ses salariés lui ont fait une haie d'honneur, chacun dans le dos une lettre inscrite sur un papier, pour lui dire « Merci patron ». Putain, que je suis fière...