Animal motors

Ce que je préfère chez les chats, c’est sans doute le ronronnement. Ca dépend des spécimens bien sûr, mais chez certains chats (comme le chat de mon entreprise aimée, le Gros G., que nous allons prochainement abandonner pour cause d’emménagement au Taj Mahal) le ronronnement est un reflex quasi instantané dès qu’il se trouve en contact, ou même seulement en présence, d’une personne aimée. Le Gros G., même que tu lui as pas encore gratté son gros doudou, il est déjà super content que tu sois là. Il se met à vibrer comme un moteur de Citroën Visa (J’aiiiiiiiiime J’aiiiiiiiiime J’aiiiiiiiiime, qu’il criait Julien Clerc) et à produire un son étonnement puissant pour une si petite bête (tout est relatif). Probable que son gros bide rose et poilu fasse caisse de résonance, comme sur une contrebasse.
J’aurais bien aimé ronronner, je crois. C’est un signal de contentement très agréable et apaisant pour celui qui ronronne comme pour celui qui s’est fait envahir les genoux ou le ventre par cette créature vibrante. Mais j’évite, en dehors d’un cercle très intime.
Tout ça pour dire que dans quelques jours, il faudra dire adieu à Gros G. On va certes pas le faire piquer mais il va rejoindre un gentil pavillon du Val-de-Marne pour une préretraite forcée. On peut pas l’emmener dans nos nouveaux locaux, alias Topkapi. Déjà, il se ferait chier (ni jardin, ni oiseau, ni rien à gratouiller en dehors de la moquette neuve, la cata) et en plus, pour nos collègues tous gonflés du melon, il ferait tache dans ce décor plaqué or, toc et frime. Lui il ne ment pas : il t’aime ou il t’aime pas. Et s’il t’aime, c’est qu’il espère bien que tu vas lui remplir sa gamelle.
C’est pas juste, car il y en a un certain nombre dans cette boîte qu’on aurait volontiers envoyé finir leurs jours dans le fin fond du Val-de-Marne, sans billet retour. Lui, c’est bien le seul qui pouvait nous manquer, et c’est lui qui part. En attendant, il ne se doute de rien et il ronronne à qui mieux-mieux. Boîte de merde.

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