lundi 15 novembre 2004

Bad trip

Une heure du matin, demi-sommeil. Je ne suis pas vraiment consciente pourtant je la sens monter la boule d’angoisse dans tout mon corps. Une sensation horrible de la mort toute proche, comme il ne m’est pas arrivé si souvent d’en ressentir. J’ai du dormir quelques secondes, assez pour cauchemarder à propos de je ne sais quoi d’effrayant et me sentir dans cet état d’horreur. J’entends la voix de mon compagnon de week-end au téléphone dans la pièce à côté. Quelques secondes pour me rappeler qui il est et voir défiler 15 ans de ma vie, de week-end avec des garçons, plus ou moins bons souvenirs… Assez pour faire le constat, toujours inconsciente, que je n’ai rien à foutre ici maintenant. Assez pour ressentir l’échec comme un pieu dans le cœur. Assez pour que la douleur m’envahisse et la peur de basculer juste à cet instant, avec un quasi inconnu, loin de chez moi et des miens. Besoin de secours, je suis toujours dans le sommeil. Une seule idée, appeler, téléphoner à Paris au pti gars du 7 qui pourrait seul me sortir de là, c’est ce qui traverse mon esprit. Et il me sort déjà de ma torpeur car je l’imagine à 1h du mat, en boîte, affalé dans un fauteuil avec champagne à gogo, et cette idée aussi amusante que réaliste me réveille pour de bon. Mais la conscience ne me va pas mieux. Qu’est ce que je vais faire ? Envie de vomir… avec la douzaine d’huîtres que j’ai ingurgité cette idée me semble totalement mauvaise, à éviter, pas faire. Je me vois l’espace d’une seconde aller voir ce garçon dans la pièce à côté, qui ne sait pas grand chose de moi, l’hosto en pleine nuit… pour quoi ? Parce que j’ai des scrupules à ne pas l’aimer ? Parce que mes amours se soldent par un échec, succession de décisions hâtives, d’occasions ratées, d’erreurs de jugement et de circonstances défavorables ? Non, il ne mérite pas ça. Je ne peux pas être aussi lamentable… Anorexie, boulimie, manque de contrôle, bouffe, alcool, sexe… J’en conclus que je dois revenir très vite à la raison.
Je m’assieds dans le lit, pas vomir, pas vomir… Je respire, je me détends, je me reprends. Il passe, me parle en allant vers la cuisine. Je mime l’endormissement. Ca va aller. Ca va passer. Ca redescend.
10 minutes plus tard, j’enchaîne sur une bonne crise d’asthme, un truc que je ne fais que rarement. Heureusement, j’ai ma Ventoline. Heureusement, je n’ai pas gerbé. C’est presque une bonne nouvelle de savoir que je peux choisir ma somatisation en fonction du contexte… Je m’endors, finalement, et me réveille en pleine forme. Un peu épouvantée par ma dérive nocturne, mais consciente de ma force, ma volonté. Je ne savais pas que comme la drogue, le sexe pouvait provoquer de si mauvaises descentes.